01 Août 2024

Accélérer la mise en œuvre des systèmes de culture robotisés avec AgRoboConnect

Communiqué de presse - Lancement d’un nouveau projet Interreg France-Wallonie-Flandre

œLes systèmes robotisés de lutte contre les adventices font timidement leur entrée dans l'agriculture transfrontalière. La disparition des produits phytosanitaires pousse progressivement les agriculteurs à s'orienter vers un désherbage mécanique adapté aux systèmes de culture, une technique qui demande plus de temps et de travail. Une partie de cette activité peut être prise en charge par des systèmes robotisés. Le nouveau projet Interreg France Wallonie Flandre AgRoboConnect vise à aider les agriculteurs dans cette transition. Chercheurs et agriculteurs, ensemble, vont mettre en œuvre et évaluer différents systèmes robotisés en conditions réelles.

 

 

Dans de plus en plus de cultures, la restriction des herbicides et la réduction de leur efficacité imposent une gestion efficace des adventices. Les agriculteurs doivent donc chercher des méthodes alternatives de désherbage efficaces et durables.

 

Applications localisées

L'une des solutions est l’application localisée d’herbicides là où le système détecte des adventices. Par exemple, des solutions développées utilisent des caméras qui prennent des photos de la parcelle associées à un modèle d’IA reconnaissant les adventices présentes. À partir de ces informations, une instruction est transmise au système d’application afin de ne pulvériser que sur les endroits où se trouvent des adventices. Selon les situations rencontrées dans les parcelles, il est possible d'économiser jusqu'à 90 % des herbicides.

Désherbage mécanique

Une autre option est le désherbage mécanique qui nécessite plus de temps de travail par hectare à cause d’un plus faible rendement de chantier associé à un nombre de passages plus élevé nécessaires au contrôle des adventices. De plus, le désherbage mécanique du rang de la culture reste délicat ce qui peut nécessiter un rattrapage manuel très gourmant en main d'œuvre.

En outre, la pratique du désherbage mécanique nécessite des compétences pointues que ce soit d'un point de vue humain  ou  matériel , avec une dépendance importante vis-à-vis des conditions météorologiques

Le marché du travail manque de personnel qualifié en agriculture, ce qui complique la mise en oeuvre de ce type de solutions. Enfin, dans l'agriculture conventionnelle, le coût supplémentaire généré par le surcroit de travail n'est pas suffisamment compensé par des prix de vente plus élevés de la production, ce qui en compromet la rentabilité.

Solutions robotisées

Une solution (totalement ou partiellement) robotisée pourrait apporter une réponse au problème de la main-d'œuvre. Si les décisions sont prises par un système robotisé, le personnel hautement qualifié est moins indispensable. Un système entièrement autonome, tel qu’un robot de désherbage mécanique, permettrait alors de supprimer complètement le recours au personnel pour la réalisation de la tâche.

 

Il existe de plus en plus de techniques intelligentes autonomes pour détecter et éliminer les mauvaises herbes. Bien que ces systèmes robotiques soient devenus de plus en plus performants ces dernières années, leur mise en œuvre reste limitée. Le coût, le mode de fonctionnement alternatif et la courbe d'apprentissage abrupte sont autant d'obstacles pour les agriculteurs.

« Avec AgRoboConnect, nous voulons accélérer l'application pratique des systèmes robotisés dans l'agriculture de la zone transfrontalière, en permettant aux agriculteurs de travailler plus efficacement et durablement. Nous nous concentrons principalement sur les systèmes de lutte contre les adventices, car c'est là que la faisabilité pratique est actuellement la plus élevée », explique Eva Ampe, responsable de la recherche sur l'agriculture de précision à Inagro.  

 

Plateforme d'essais pour l'évaluation sur le terrain des robots agricoles et solutions automatisées

Des plateformes d'essais sont mises en place en Flandre (Inagro), en Wallonie (CRA-W) et en France (Arvalis et Chambre d'agriculture de la Somme) afin d'intégrer, de tester et d'évaluer différents systèmes robotisés dans les systèmes de culture existants. Des exemples qui pourraient être testés incluent le porte-outil Robotti, le robot de désherbage Odd.bot ou encore l'Ecorobotix d'ARA. Les agriculteurs et les chercheurs des trois régions sélectionnent ensemble les robots les plus utiles, qui sont ensuite déployés sur le terrain.

« En réunissant agriculteurs, conseillers, entreprises de robotique et chercheurs, AgRoboConnect garantit que les technologies répondent aux besoins réels du secteur agricole dans la zone transfrontalière. Un des objectifs du projet est également de mettre en évidence les obstacles à leur mise en œuvre » explique Jan Vanwijnsberghe, chercheur en techniques intelligentes de protection des cultures à Inagro.

Identifier les points forts et les obstacles

Les systèmes robotiques sélectionnés sont testés et mis en œuvre dans des situations pratiques pour l’ensemble de 3 saisons de culture rencontrées dans les exploitations agricoles des 3 régions. Ainsi, toutes les forces et faiblesses sont identifiées dans différentes conditions et les résultats partagés pour l’ensemble du secteur agricole du territoire du projet (évaluation transfrontalière). Inagro se concentrera principalement sur les cultures légumières telles que les carottes, les oignons, les épinards, les haricots et le céleri-rave. Les autres centres de recherche se concentrent sur les grandes cultures telles que le blé, le maïs, la betterave, la pomme de terre ou encore la chicorée. En plus de l’évaluation technique réalisée par les 4 partenaires au sein de la plateforme d’essais interrégionnale, l’outil SYSTERRE ® est utilisé afin d’évaluer les impacts techniques, économiques et environnementaux de l’intégration des solutions automatisées sur les exploitations agricoles de chaque région .

Engager activement le secteur agricole

La collaboration avec le secteur agricole est essentielle pour développer des technologies utiles.

« Grâce à des sessions de co-création, les agriculteurs peuvent partager leurs idées et leurs expériences. De cette manière, nous nous assurons que les technologies correspondent bien à leurs besoins et à leurs pratiques dans la zone transfrontalière », souligne Matthieu Preudhomme, ingénieur et chef de projet à la Chambre d'agriculture de la Somme.

 

Ces sessions permettent d'affiner le développement et la mise en œuvre des systèmes robotiques afin qu'ils soient pratiques et efficaces sur le terrain. Les résultats de ces sessions sont partagés lors de démonstrations et de moments d'échanges, démontrant les avantages techniques, économiques et environnementaux des systèmes robotiques et évaluant la faisabilité d'une mise en œuvre à grande échelle dans le secteur agricole.

Les moments d'échanges transfrontaliers pour les agriculteurs, les chercheurs et les étudiants favorisent le partage des connaissances et la coopération entre la Flandre, la Wallonie et la France. Ces moments sont complétés par des démonstrations et des ateliers destinés à préparer la mise en œuvre des systèmes robotisés.

 

Mise en œuvre des connaissances via l’enseignement agricole

Une attention particulière est apportée à la diffusion des connaissances et résultats transfrontaliers acquis pendant le projet vers les agriculteurs d’aujourd’hui et de demain. Ceci ce fera notamment en collaboration avec des écoles des trois régions afin de permettre aux futurs techniciens agricoles d’acquérir des qualifications sur les solutions autonomes et les robots.

Pourquoi ce projet est-il important ?

Avec une population mondiale qui devrait atteindre 9 milliards de personnes d'ici 2050, il y a un besoin urgent d'aliments sûrs, durables et abordables. AgRoboConnect joue un rôle important pour l’atteinte de ces objectifs en déployant des systèmes robotisés dans les zones transfrontalières pour des pratiques agricoles plus durables.

À propos d'AgRoboConnect

AgRoboConnect est une collaboration transfrontalière entre : Inagro (Flandre), CRA-W (Wallonie), Arvalis (France) et la Chambre Départementale d'Agriculture de la Somme (France). Ces quatre partenaires unissent leurs forces pour transformer le secteur agricole grâce à des technologies innovantes. Suivez l'évolution du projet via la page LinkedIn.

 

Des plus des partenaires wallons sont également associés au projet :

-       Waldigfarm, Beneo, Raffinerie Tirlemontoise, Direction de l’analyse économique agricole (SPW), Haute école de la Province de Namur, Ecole Provinciale d'Agronomie et des Sciences de Ciney