Afin d’approfondir les connaissances sur le travail en agriculture, plus particulièrement en élevage, et proposer des outils d’accompagnement, le CRA-W et ses partenaires étudient l’organisation du travail et construisent des références « temps de travail » wallonnes.
Alors que la productivité du travail en élevage a fait d’énormes progrès, la charge de travail en élevage n’a cessé de croitre ces dernières décennies, entrainant une dégradation de la qualité de vie au travail et de l’attractivité du métier. Le secteur cherche un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée et à évoluer sur la question du travail. Optimiser son temps de travail, investir pour produire autrement, se diversifier, s’agrandir, etc. entrainent des modifications dans l’organisation du travail qui doivent être réfléchies, au même titre que les autres facteurs de production. Si la durée du travail reste un facteur de production difficile à documenter, le secteur est demandeur de pouvoir :
- Se situer par rapport à la moyenne wallonne
- Cibler les marges de progrès et les points critiques pour le conseil
- Guider les choix en intégrant le temps de travail aux prises de décisions
- Apporter une dimension collective, sensibiliser à la problématique du temps de travail
En effet, si on observe une évolution, voire une « révolution » des mentalités autour du sujet, certains éleveurs sont pris dans des engrenages et n’imaginent pas que d’autres façons d’aborder le travail sont possibles. Le travail reste un sujet tabou car il reste une valeur forte en agriculture et qu’il renvoie à la relation intime que l’agriculteur entretient avec celui-ci. Pour dépasser le tabou, les références « temps de travail », proches des critères quantifiables utilisés habituellement pour le conseil, offrent un support plus accessible pour échanger sur le travail.
Depuis le projet DuraLait, le CRA-w a développé son expertise sur la thématique du travail et a construit des repères pour différents secteurs, en commençant par l’élevage laitier où l’astreinte biquotidienne de la traite est particulièrement exigeante :
- Des repères sur le travail dans des exploitations bovins lait wallonnes
- Des repères sur le travail dans des exploitations wallonnes diversifiées
- Des repères socio-économiques sur la production et la commercialisation de viande bovine en circuits courts
Le projet OTEl 2, mené en partenariat avec le CGTA et Elevéo s’est intéressé au secteur bovin allaitant et a enquêté 70 fermes wallonnes aux pratiques d’élevage diversifiées. Une fiche sur le travail en élevage de bovins viandeux, similaire à celle développée pour le secteur laitier, résume les chiffres clés de l’étude.
Les résultats de l’étude ont été présentés aux participants, individuellement et en groupe, afin d’éclairer les variations observées avec leur expérience du terrain. Le travail d’astreinte, qui comprend les tâches quotidiennes et obligatoires et qui est lié aux soins au troupeau (alimentation, veaux, paillage…), a été étudié de façon plus approfondie. Il représente 66% du temps de travail comptabilisé dans l’étude et constitue dès lors une priorité pour améliorer les conditions de travail. Si le travail d’astreinte annuel requis par une vache allaitante et sa suite est de 25h30 en moyenne, il très variable d’une exploitation à l’autre. Les facteurs impactant l’efficience du travail d’astreinte ont ainsi pu être débattus par les éleveurs. Les éleveurs ont exprimé l’utilisation qu’ils pourraient avoir des références dans le futur.
Sur ces déclarations et celles des conseillers agricoles, un outil de calcul du temps de travail a été développé. Son objectif est de permettre à l’éleveur et au conseiller d’estimer le temps de travail requis par l’atelier bovin viandeux. Cet outil ne permet pas de calculer le temps de travail personnel de l’éleveur mais de projeter un temps de travail théorique, adapté au contexte de l’exploitation. En effet, l’éleveur a la possibilité de préciser ses pratiques de travail (insémination ou taureau, mode d’élevage des veaux …) et sa structure (fonctionnalité des bâtiments, fonctionnalité du parcellaire, taille de l’exploitation, main-d’œuvre…).