L’objectif du projet AGRITAP, mené par le CRA-W en partenariat avec d’autres institutions belges (ILVO, PCfruit et ULB) et internationales (INRAE d’Orléans en France et Canadian Forest Service au Canada), était de développer des outils de surveillance adaptés afin d‘estimer correctement les niveaux de population des espèces indigènes d’agriles (genre Agrilus, Buprestidae) et de maximiser les chances de détection précoce d’espèces exotiques. Pour cela, nous avons comparé l’efficacité de plusieurs pièges avec différentes colorations (verte ou jaune), formes (pièges commerciaux multi-entonnoirs et pièges artisanaux bouteilles ou en cornet) et présence ou absence d’un leurre (spécimen mort d’Agrilus planipennis) pour capturer des buprestes européens dans des forêts de feuillus et des vergers de poiriers.
Légende : Agrilus cyanescens. Photo : Gilles San Martin.
Du jaune fluo pour être vu
Durant deux années (2021-22), nous avons collecté 2220 échantillons de 382 pièges installés dans 46 sites en Belgique et en France. Aucun des pièges ne s’est révélé efficace pour la capture d’Agrilus sinuatus dans des vergers de poiriers infestés (17 spécimens capturés sur 2 ans). La présence d’un leurre n’influençait pas les captures, quel que soit le type de piège, l’espèce de bupreste ou le sexe de ceux-ci. Les pièges (pièges multi-entonnoirs et en cornet) jaunes fluorescents étaient généralement plus attractifs que les pièges verts. La plupart des espèces d’agriles suit cette tendance pour les captures moyennes, sauf Agrilus biguttatus dont un plus grand nombre de spécimens a été capturé par les pièges multi-entonnoirs verts.
Multiplier les lieux de surveillance
Nous avons observé une grande variabilité dans les taux de capture entre sites : 64% de cette variabilité était liée au site contre 8,5% de variabilité liée au type de piège utilisé. Dans un grand nombre de sites, très peu de spécimens ont été capturés malgré la présence d’arbres-hôte dépérissants favorables au développement de buprestes. Pour la détection précoce d’espèces non-indigènes, il semble donc essentiel de maximiser le nombre de sites de surveillance. Dans ce contexte, le déploiement de pièges plus petits, facilement transportables/mis en place et peu coûteux, tels que les pièges en cornet testés dans cette étude, semble prometteur pour la surveillance des buprestes. Des essais préliminaires réalisés au Canada montrent que les pièges en cornet permettent également de capturer des espèces non-indigènes telle qu’Agrilus bilineatus (une espèce inféodée aux chênes, considérée comme à risque pour l’Europe).
Financement : projet Euphresco financé par le SPF Santé Publique (projet RI20/A337)