Contexte
La directive Nitrate a engendré la définition, en Région wallonne, de zones vulnérables qui reprennent, depuis 2007, tout le Nord du Sillon Sambre et Meuse, le Sud de Namur et le Pays de Herve. Cette zonation souligne la nécessité d’améliorer l’efficacité avec laquelle l’azote est géré, même au sein des systèmes de production animale basés sur le pâturage et ce, bien que le rôle positif de la prairie sur la réduction des pertes d'azote par le lessivage soit reconnu.Sur cette base, la réglementation wallonne a défini de nouvelles normes d’apports d’azote organique entrées en vigueur au 1er janvier 2007. Ces normes s’élèvent à 115 kg d’N/ha en terre de culture et 230 kg d’N/ha en prairie, restitutions au pâturage inclues. Cela quelque soit la zone dans laquelle l’exploitation se situe et en imposant que l’ensemble des apports d’azote ne dépasse pas les 250 kg/ha sur culture et 350 kg/ha sur prairie. Sur les zones vulnérables, la contrainte supplémentaire réside dans le respect du seuil maximum d’apport de 170 kg d’N organique par hectare, fixé par la Communauté Européenne. Certaines exploitations, dont la SAU comprend jusqu’à 48% de prairie, pourront déroger à cette norme de 170 kg/ha d’azote organique. Cela a conditionDans la cadre de la démarche qualité développée antérieurement, une attention particulière était apportée aux l’indicateurs de risque de perte d’N dans l’environnement que représentaient (1) les bilans N et (2) les APL (azote potentiellement lessivable) présents dans le sol en fin de saison. Cependant, dans sa version actuelle, ce dernier indicateur ne permet pas d’intégrer des paramètres tels que la période ou la forme des apports et reflète, dès lors, assez mal les risques réels de perte et ce plus encore dans les agro-écosystèmes pâturés caractérisés par une forte hétérogénéité de la distribution des pissats.
Objectifs
L’objectif du présent projet était donc de compléter et valider la liste des indicateurs de risque à considérer, ainsi que de définir leurs seuils critiques, cela en vue de préciser « le projet d’arrêté ministériel portant certaines dispositions d’exécution relatives à la ‘démarche qualité’ et au ‘survey surfaces agricoles’ de l’arrêté du Gouvernement wallon du 10 octobre 2002 relatif à la gestion durable de l’azote en agriculture ».
Les aspects qui seront développés concernent plus particulièrement :
- l’identification, la validation et la diffusion des pratiques agronomiques permettant de réduire les soldes des bilans azotés en prairies pâturées dans les systèmes laitiers;
- la validation et la définition des seuils critiques pour différents indicateurs de pression environnementale à l’échelle de la parcelle;
- l’intégration de l’ensemble des données disponibles dans un outil d’aide à la décision en vue d’évaluer les risques de pertes d’azote au sein des prairies.
Résultats obtenus
En collaboration avec les STE-AWE, 232 exploitations lait très spécialisées (OTE 411), situées dans le Pays de Herve, en Ardenne et en Haute Ardenne, ont été analysées sur base de leurs performances économiques et du solde de leur bilan azoté. Les critères de sélection de ces exploitations concernent la part du lait dans les produits totaux (+ de 70%) et l’efficacité économique de leur process de production (VAB et coût/litre de lait) et ce durant trois années consécutives (2000, 2001 et 2002). Le solde du bilan azoté de ces exploitations, repris sur ces 3 mêmes années, a permis de répartir les exploitations en trois groupes basés sur la moyenne de leur solde azoté plus ou moins deux fois l’écart-type, classant les exploitations selon leur pression environnementale. 13 exploitations ont été retenues dans le groupe exerçant une faible pression environnementale et 13 dans le groupe ayant une forte pression environne-mentale, soit 26 exploitations au total.L’évaluation de la durabilité environnementale, économique et sociale, réalisée sur les 26 exploitations par la méthode IDEA, montre que, logiquement, vu que le choix des exploitations était, en premier lieu, basé sur leurs performances économiques, celles-ci sont viables, même si les chemins pour y parvenir ne sont pas identiques. La durabilité environnementale est quant à elle assez faible suite à la grande spécialisation de ces exploitations.Une typologie a également été réalisée, regroupant les exploitations en 4 cas-types. Les critères pris en compte pour individualiser ces cas-types sont :- Le niveau d’intensification de l’exploitation, exprimé par le nombre de litre de lait produit par hectare (> ou < 9000l/ha) ;- La présence ou non de maïs fourrager dans la sole.Ces 26 exploitations ont été suivies durant la saison de pâturage 2004 et 19 de celles-ci durant la saison 2005. Leurs pratiques ont été enregistrées dans un carnet de pâturage et plusieurs analyses ont été réalisées au cours des visites mensuelles réalisées. Les analyses de sols ont également été réalisées en fin de saison de pâturage, avec 4 parcelles échantillonnées en 2004 et 3 parcelles en 2005.L’ensemble des données collectées et des analyses réalisées nous ont permis de réalisée les bilans apparants à l’échelle de la parcelle. Cependant, bien que certaines tendances soient apparues, aucune relation significative n’a pu être mise en évidence entre les données techniques, les bilans et les teneurs en N-NO3- du sol.Un outil d’aide à la décision, basé sur un classement par arbres aléatoires d’échantillons. Il classe les parcelles en fonction du risque qu’elles ont d’obtenir une teneur en N-NO3- élevée, et selon les techniques agricoles mises en œuvre et facilement appréhendées par l’exploitant. Cet outil met en évidence les effets négatifs d’un pâturage intensif, que ce dernier soit appliqué sur l’ensemble de la saison ou sur l’arrière saison (voir fig 1).Contribution
La Section est le porteur du projet. Elle a, en collaboration avec les STE-AWE, sélectionné les 26 exploitations qui font l’objet du suivi : premier contact avec les techniciens des STE-AWE, visite mensuelle de contrôle et prise d’échantillons, réalisation des profils azotés au sein de 4 parcelles pâturées en 2004 et 3 parcelles pâturées en 2005 sur chaque exploitation, analyse et diffusion des résultats.Partenaires
Christophe Vandenberghe, GRENERA-FUSAGx.
Léon Fabry, Services Technico-Economiques de l’Association Wallonne de l’Elevage (STE-AWE).
Richard Lambert, UCL Laboratoire d’Ecologie des prairies.
Coordinateur hors CRA-W
D. Ir. STILMANT Didier
CRA-W - Section Systèmes agricoles
Rue de Serpont, 100
B-6800 Libramont
Tel :+ 32 61 23 10 10
Fax :+ 32 61 23 10 28
E-mail : stilmant@cra.wallonie.be
Financement
- CRA-W - Centre wallon de Recherches agronomiques
- SPW - DGARNE