01 Mars 2021

DATAPESTFRU

Amélioration des connaissances sur la distribution et la phénologie d’espèces invasives prioritaires et de ravageurs émergents en cultures fruitières.

Objectif : Accroître les connaissances sur l’épidémiologie et la distribution de ravageurs émergents et de quarantaine dans les cultures fruitières

Le but de ce projet, mené par le Pcfruit et le CRA-W, était d’accroître les connaissances sur l’épidémiologie et la distribution de ravageurs émergents et de quarantaine dans les cultures fruitières.

Ce projet s’inscrit dans un cadre de recherche européens (projet Euphresco EPIDISARTH) associant plusieurs institutions de recherche de différents pays membres (Italie, Portugal – Açores, Autriche, Bulgarie, France, Slovénie, Serbie et Royaume-Uni hors UE).

Trois ravageurs étaient ciblés dans ce projet : la punaise diabolique (Halyomorpha halys), le longicorne à col rouge (Aromia bungii) et le scarabée japonais (Popillia japonica).

Dans un premier temps, nous tentons de délimiter la répartition et l’importance de la présence de la punaise diabolique en Belgique (premier spécimen capturé en 2011). Des populations invasives de cette punaise originaire d’Asie se sont développées dans de nombreux pays sur plusieurs continents. Extrêmement polyphage, c’est surtout en culture fruitière qu’elle est considérée comme un ravageur important. Les piqûres de nourrissage effectuées par les adultes et les nymphes endommagent les fruits les rendant impropres à la consommation et à la commercialisation. Nous évaluons également la présence en Belgique des deux autres ravageurs : Aromia bungii et Popillia japonica. Ces deux ravageurs sont des espèces de quarantaine pour l’Europe présentent uniquement en Italie pour la première et en Italie et aux Açores pour la seconde. A. bungii est un longicorne inféodé aux arbres du genre Prunus (cerisiers, pruniers, …), tandis que P. japonica est un scarabée très polyphage s’attaquant à plus de 300 espèces de plantes. Les principaux dégâts occasionnés par ce dernier sont la consommation de fleur, notamment de fruitiers, à l’état adulte et d’important dégâts sur les racines de graminées, en particulier de gazon.

Pour les trois ravageurs cibles, la surveillance repose sur l’utilisation de pièges et sur des observations visuelles/battages sur des plantes-hôtes. L’identification des spécimens collectés est vérifiée par des méthodes moléculaires. Les données génétiques récoltées permettent également d’analyser la diversité génétique des populations détectées en Belgique. Un autre objectif est de modéliser la phénologie de la punaise diabolique en Belgique afin de mieux surveiller son évolution. Sur base des détections réalisées et d’élevages en laboratoire, nous développons un modèle phénologique basé sur la température. Enfin, l’expérience acquise lors du projet et les retours des différents partenaires Euphresco permettent d’ajuster les recommandations actuelles en termes de détection et de gestion des trois ravageurs cibles de ce projet.

Résultats

 

Pour chaque ravageur, le PCfruit et le CRA-W ont déployé des pièges munis d’attractifs spécifiques dans divers sites où les plantes-hôtes principales étaient présentes. De plus, nous avons réalisés des inspections visuelles et du battage pour A. bungii et H. halys, respectivement, dans des sites supplémentaires. Au total, pour 2021 et 2022, la surveillance s’est établie sur 33 sites pour A. bungii, 27 sites pour P. japonica et 64 sites pour H. halys.

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Légende figure : Carte de présence de  H. halys.

Aucun spécimens d’A. bungii et de P. japonica n’a été détecté en Belgique. Concernant H. halys, 174 spécimens ont été capturés/détectés durant les deux années de surveillance (43 en 2021 et 131 en 2022). La majorité des individus ont été trouvés en Flandre et seules 13 détections ont été réalisées en Wallonie (3 en 2021 et 10 en 2022 ; voir carte de présence d’H. halys en Belgique).

Pour H. halys, nous avons analysés la diversité génétique en Belgique en séquençant deux portions d’ADN mitochondrial (COI et COII) chez 99 spécimens. Les résultats de ces analyses indiquent premièrement qu’il existe une diversité génétique importante au sein de la population d’H. halys présente en Belgique (11 variants différents pour la combinaison COI-COII ; voir carte de la diversité génétique d’H. halys en Belgique). Cette diversité est très vraisemblablement liée à des introductions répétées de ce ravageur à partir de plusieurs populations sources des régions natives (Chine, Japon) et déjà envahies (Europe, en particulier l’Italie). Ensuite, nos résultats montrent qu’il existe une structuration génétique à l’échelle de la Belgique, c’est-dire que les variants génétiques observés ne sont pas répartis aléatoirement sur le territoire belge. Cette structuration est probablement liée à l’arrivée en divers lieux de spécimens issus de populations génétiquement différentes et à la dispersion naturelle de leurs descendants aux alentours de ces points d’entrée.

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Légende figure : Carte de diversité génétique de  H. halys.

Enfin, un modèle prédictif de la phénologie d’H. halys a été développé par le PCfruit. Ce modèle indique qu’avec les conditions climatiques belges actuelles, la punaise diabolique ne peut effectuer qu’une seule génération par an en Belgique. Les prédictions du modèle concernant le développement d’H. halys ont pu être vérifiées avec les dates de captures des individus actifs (adultes) sur le terrain.

 

Conclusions

Aucun spécimen d’A. bungii ou de P. Japonica n’a été détecté en Belgique durant la surveillance effectuée en 2021 et 2022. Durant cette période, la punaise diabolique a été observée dans plusieurs sites en Belgique avec un total de 174 détections pour la Flandre et la Wallonie. Nous avons remarqué une forte augmentation des captures entre 2021 et 2022, confirmant l’expansion de ce ravageur en Belgique (principalement au nord du pays). Pour l’instant, peu de dégâts en culture fruitière ont pu être attribués à la punaise diabolique, ce qui pourrait être lié à l’unique génération annuelle en Belgique (comparé, par exemple, à 2-3 générations/an en Italie).

 

Recommandations pour la punaise diabolique

Les attractifs utilisés dans ce projet (dual-lure de la firme Trécé®) attirent bien les punaises à proximité des pièges, mais ces dernières ne sont pas systématiquement neutralisées par les dispositifs de piégeage. Les individus ainsi attirés risquent dans ce cas de créer de nouveaux dommages aux alentours immédiats des pièges. Il est recommandé d’utiliser des pièges plus grands (pièges pyramide/roquette/tunnel) et de les disposer hors des plantations (p.ex. entre les parcelles fruitières et des zones boisées ou de potentiels sites d’hibernation dans des hangars/lieux couverts). Le développement du modèle phénologique devrait permettre de cibler avec précision les stades les plus sensibles (nymphes) afin d’optimiser les périodes de pulvérisation d’insecticide et de limiter les dommages causés aux auxiliaires. Les prédictions de ce modèle seront prochainement accessibles en ligne sur le site web du PCfruit.

 

Financement

Ce projet est financé par le SPF Santé Publique (RI20/A340) et mené par un consortium incluant le Pcfruit (Proefcentrum Fruitteelt) et le CRA-W.

    1. H_halys (couverture): Punaise diabolique (Halyomorpha halys). Crédit photo : Gilles San Martin.
    2. P_japonica : Scarabée japonais (Popillia japonica). Crédit photo : Gilles San Martin.
    3. H_halys_trap : piège collant à H. halys muni de phéromones d’aggrégation. Crédit photo : Anne-Michèle Warnier.
    4. P_japonica_trap : piège à P. japonica muni de phéromones d’aggrégation. Crédit photo : Anne-Michèle Warnier.
    5. A_bungii_trap : piège à A. bungii muni de phéromones attractives. Crédit photo : Anne-Michèle Warnier.

Publications

Distribution and genetic diversity of the invasive pest Halyomorpha halys (Hemiptera, Pentatomidae) in Belgium (pensoft.net)