16 Décembre 2013

De nouvelles stratégies alimentaires pour des vaches laitières super efficientes

Un lait de haute qualité nutritionnelle et un mode de production durable, assurant un revenu décent au producteur tout en maîtrisant les contraintes environnementales, sont deux notions parfaitement compatibles.

Les ruminants ont l’avantage de transformer la cellulose et les co-produits de l’industrie agro-alimentaire en produits nobles et sont, de ce fait, peu en compétition avec l’alimentation humaine.

 

Mais, ce n’est un secret pour personne, le rendement de cette transformation est faible. En pratique, pour 100 g de protéines ingérées par une vache laitière, seulement 25 à 28 g se retrouvent dans le lait. Ce rendement est beaucoup plus faible que dans les autres spéculations animales, ou par rapport à la valorisation d’une fumure azotée appliquée dans de bonnes conditions sur prairie. Le ruminant se positionne donc comme un maillon faible dans le système de production. Et ce n’est malheureusement pas tout, car l’élevage des ruminants est aussi pointé du doigt pour ses émissions de gaz à effet de serre, en particulier de méthane. Mais alors, comment réduire l’impact environnemental de la spéculation laitière tout en produisant un lait de qualité supérieure ?

C’est la question que se posent le CRA-W et l’UCL (Prof. Y Larondelle, Prof. M. Focant), dans le cadre d’un projet mené en collaboration avec 3 sociétés privées et subsidié par la Wallonie. Proposer une alimentation formulée avec précision, apportant au plus juste ce dont l’animal a vraiment besoin, est la première piste étudiée. Le recours à des ingrédients naturels mineurs, supposés optimiser le processus de digestion ou interagir de manière bénéfique avec la microflore digestive, en est une autre. Trois rations ont donc été testées dans un essai visant à optimiser l’efficience alimentaire des vaches laitières en pleine production (30L/j). En limitant le taux protéique de la ration à 13% (vs 16 à 18% en pratique), l’efficience azotée des vaches a déjà pu être augmentée de plus de 25% par rapport aux observations en fermes, et atteindre le seuil des 35%. En ajoutant à cette ration deux ingrédients végétaux spécifiques, dûment sélectionnés suite à une batterie de tests in vitro, l’efficience azotée a pu dépasser les 37%. De cette manière, la vache laitière devient tout aussi efficiente qu’un porc sur le plan protéique. Et ce ne sont pas les seules améliorations qui ont été observées. En effet, la substitution des pulpes de betteraves présentes dans la ration témoin par des céréales et des graines de lin extrudées (dans le but d’améliorer la valeur santé du lait par le biais des acides gras) a permis, pour des apports nutritionnels équivalents, de diminuer les émissions de méthane de 16% par litre de lait produit. Ces résultats laissent penser qu’il existe bien une réelle marge de manœuvre pour améliorer les efficiences azotée et énergétique des ruminants et que la recherche dans ce secteur, dont les répercussions sont autant économiques qu’environnementales, a encore de belles perspectives devant elle.

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