Une étude a été réalisée chez un éleveur de brebis laitières souhaitant connaître l'impact de ses pratiques de rations alimentaires sur la qualité du lait afin de communiquer de manière transparente auprès de ses clients. Elle s'est déroulée sur un an et demi afin de mettre en relation les données de production et de qualité du lait avec la succession des pratiques d’alimentation dictées par les saisons (herbe pâturée, fourrage conservé). Les jours d'échantillonnage ont été ajustés pour correspondre aux changements de pratiques rencontrés sur une année de production (pâturage, changement de prairies ou de type de fourrage).
Une caractérisation de l'alimentation totale a été réalisée tout au long du suivi par la tenue d'un registre renseignant sur la nature des concentrés et des fourrages utilisés, leurs apports et leurs valeurs alimentaires par analyses de spectroscopie NIR. La caractérisation des produits concernait à la fois le lait et le fromage. La qualité du lait a été évaluée par l'analyse du profil en acides gras (AG), du dosage de l’équol (un métabolite microbien bénéfique pour la santé) ainsi que des vitamines E et B12. Par ailleurs, le fromage issu d'une production de type " caillé lactique " (fromage frais), a été échantillonné afin de s'assurer que le processus de transformation n'altère pas le profil en AG du lait. Enfin, des données sur la production laitière, la teneur en protéines et en matières grasses du lait et le rendement fromager ont également été recueillies.
Le profil en AG du lait est globalement meilleur au pâturage (période estivale) avec une hausse sensible de la teneur en acides linoléiques conjugués (CLA), une moindre teneur en acides gras saturés et une tendance à un enrichissement de vitamine E. Le lait produit avec du foin (période hivernale) présente aussi un profil en AG intéressant, notamment avec des teneurs en acides linoléique et α-linolénique améliorées. Quant à la teneur en équol des laits, les observations montrent une très forte hausse avec la présence de trèfle violet dans les fourrages consommés, cette augmentation étant encore plus marquée au pâturage.
Ainsi, la qualité des fourrages diversifiés distribués aux brebis, associant graminées et légumineuses, se reflète dans la composition fine du lait, cette dernière étant conservée par la transformation fromagère. Cela est une information de première importance car elle permet de garantir au consommateur une qualité constante du lait jusqu’au produit fini.
Financement : l’étude a été menée dans le cadre d’un Centre de Référence et d’Expérimentation financé par le SPW, DGO3.