10 Mars 2014

Du colza sans méligèthe et sans insecticide, utopie ou réalité ?

Le colza est une des cultures wallonnes la plus consommatrice d’insecticides. Des solutions alternatives existent peut-être !

La raison principale de cet état de fait est le risque posé par les adultes de méligèthes, petits coléoptères détruisant les boutons floraux pour accéder à leur nourriture préférée, le pollen. Les dégâts provoqués par cet insecte sont excessivement variables d’une année à l’autre mais peuvent être très importants et effraient de nombreux agriculteurs. Cette situation conduit ces derniers à appliquer de manière intensive et répétée des insecticides. Malheureusement, cette utilisation a entrainé l’apparition de nombreuses souches de méligèthes résistants, à un point tel qu’il n’existe plus que trois ou quatre insecticides encore suffisamment efficaces sur la dizaine de préparations disponibles initialement. De plus, les insecticides utilisés, en éliminant les ennemis naturels, sont également soupçonnés de favoriser d’autres ravageurs survenant plus tard dans la culture ; sans oublier que leur utilisation dans une culture aussi importante pour les abeilles pose quelques questions.

Les méligèthes peuvent cependant être contrôlés naturellement par plusieurs espèces d’hyménoptères parasites de la famille des Tersilochinae. Ces mini-guêpes attaquent les larves du coléoptère et réduisent ainsi les populations de méligèthes de la saison suivante. Si ces insectes utiles sont étudiés dans différents pays, aucune donnée n’était disponible pour la Belgique. Une étude réalisée par le CRA-W en Wallonie au printemps 2013 a montré que ces hyménoptères parasites étaient présents dans la majorité des champs de colza et étaient parfaitement synchronisés avec leur hôte. Malheureusement, leur nombre était souvent trop limité pour espérer une réduction significative des dégâts.

Deux raisons principales de cette carence ont été identifiées. La première est le travail du sol intensif après la récolte du colza pour préparer le semis des céréales. Cette opération est particulièrement néfaste pour les larves et nymphes de parasites, obligées de passer l’automne et l’hiver dans le sol, au contraire de celles de méligèthes qui éclosent généralement avant le labour. La seconde est la très grande sensibilité des hyménoptères parasites aux insecticides, souvent plus toxiques pour le parasite que pour le ravageur. Une autre étude réalisée en 2013 indique en effet que parmi les insecticides agréés, un seul est à la fois sélectif pour les hyménoptères parasites et efficace sur les méligèthes.

Le potentiel pour un contrôle biologique du méligèthe existe donc en Wallonie mais est sans doute insuffisant à l’heure actuelle pour pouvoir faire l’impasse sur un ou plusieurs traitements insecticides. De nouveaux itinéraires techniques favorisant davantage les ennemis naturels des méligèthes, comme le travail du sol simplifié après la culture du colza sur de grandes surfaces et l’utilisation de produits sélectifs, devraient être mis en place dans le futur pour réduire l’incidence des méligèthes et donc, la dépendance de cette culture aux insecticides.

On the same subject

#Article #Nouvelle