A l’issue de quatre webinaire et ateliers organisés par les projets Interreg France-Wallonie-Vlaanderen Agreen-Job et Cow-Forme, les 17 et 24 novembre 2020, la conclusion est limpide : des emplois dans l’agriculture sont potentiellement vacants mais encore faut-il faire émerger les besoins.
Cette conclusion est le résultat d’enquêtes en présentiel et par Internet réalisées par les deux projets durant l’été puis en septembre 2020. Elles ont révélé que les agriculteurs ne sont pas toujours satisfaits de leur emploi du temps, trop chargé souvent et physiquement harassant (65% d’insatisfaits). Un panel de solutions est évoqué par les agriculteurs, souvent combinées entre elles (s’équiper, simplifier les pratiques, …). L’engagement de personnel, évoqué par 18% d’entre-deux, se heurte aux difficultés pour trouver un salarié correspondant à leurs besoins, au coût financier, à la réglementation ou encore à la crainte de ne pas savoir manager/communiquer.
Les différents ateliers, qui ont suivi la présentation des résultats de l’enquête, ont ouvert la discussion sur trois thématiques. Chaque atelier a été introduit par l'intervention de personnes ressources, experts ou agriculteurs, suivi par un échange interactif avec les participants qui a fait émerger une “boîte à idées” permettant d’enrichir les réflexions pour la poursuite des travaux.
Le premier, sur l’attractivité des métiers de l’agriculture, a permis de prendre connaissance d’une étude du GIS Avenir Élevages (France) sur les métiers de l’agriculture, dont certains sont en tension, comme d’autres métiers manuels, et de partager l’expérience d’un agriculteur.
L’agriculture et les métiers du secteur souffrent d’un déficit d’image. Ces métiers ont aussi des atouts: tâches très variées, manuelles mais aussi de plus en plus techniques grâce aux nouvelles technologies, tout en permettant de créer un lien étroit avec le vivant (nature et animaux). Comment les valoriser ? Des solutions innovantes ont été proposées lors d’un échange. Les réseaux sociaux ou les journées découvertes sont des moyens de sensibilisation pour les jeunes et les familles. Bientôt un influenceur “agriculture” ?
Les discussions ont également mis en avant la diversification en agriculture comme piste pour développer de nouvelles activités potentiellement rentables. Mais leur concrétisation nécessite de construire un projet, derrière lequel un ensemble de personnes doivent s’investir et se sentir concernées.
La deuxième thématique a abordé la formation au management des agriculteurs, qui avouent manquer d’outils de gestion des ressources humaines. L’enquête a d’ailleurs révélé que 98% des agriculteurs marquent un intérêt pour un accompagnement, tant sur le plan administratif de gestion du personnel, que sur la gestion humaine. La méthode IOD (Intervention sur l’offre et la demande), présentée par une représentante du réseau des MIRE en Wallonie, offre une opportunité de valoriser et d’impliquer l’exploitant agricole dans le processus de recrutement d’un candidat dans une approche de médiation. Savoir communiquer et trouver les bons mots, ça s'apprend et c'est essentiel pour fidéliser le personnel. Les projets interreg Agreen-Job et Cow-Forme projettent de mettre en place des formations. L'atelier a pointé la difficulté pour l’exploitant agricole de simplement exprimer son besoin en matière de personnel. Sujet tabou ? Oui probablement l’image véhiculée dans la société est que l’agriculteur travaille durement sans compter ses heures !
Le dernier atelier s’est penché plus spécifiquement sur les demandeurs d’emploi. Sont-ils prêts à se lancer dans l’agriculture? Vers quels métiers ? Une étude du Forem (Wallonie) démontre que le secteur évolue en parallèle des changements sociétaux en matière d’organisation du travail, d'environnement et d’alimentation. Certains métiers sont en pénurie (conducteur d’engin ou ouvrier agricole) et des demandeurs d’emplois se projettent dans des métiers comme jardinier, maraîcher ou encore ouvriers horticoles. Ce constat questionne aussi le profil du candidat dont les compétences comportementales et cognitives passent avant les compétences techniques. Cette réalité implique certainement de repenser les formations pour une meilleure adéquation avec les compétences recherchées. D’autres moyens d’actions peuvent aussi être mobilisés pour l’élévation des compétences des candidats, à l’image des IAE (insertion par l’activité économique) ou les EA (emplois d’avenir) développés en France. L’insertion professionnelle de candidats implique aussi de rassembler les acteurs et de créer des synergies dans les territoires pour articuler les moyens et les actions pour tendre vers des solutions innovantes.
L’insertion de demandeurs d’emploi dans l’agriculture et le secteur laitier est-il un leurre ? Les constats des deux journées de rencontres ouvrent des perspectives et des opportunités concrètes pour explorer des voies d’insertion professionnelle de candidats dans l’agriculture avec une portée territoriale et transfrontalière. Ainsi, les informations collectées seront profitables pour construire les étapes suivantes des projets Interreg Agreen-Job et Cow-Forme.
Pour plus d’informations :
Marie-Noël Neven Pierre Rondia
Chef de file du projet Agreen-Job Chef de file du projet Cow-Forme
agreenjob@ruraleurope.org p.rondia@cra.wallonie.be
www.agreenjob.eu www.cowforme.eu
Les publications :
- la plaquette Cowforme (fr et nl)
- la brochure Agreen-Job "Agriculture : des besoins d’emploi méconnus ?"