Du
01 Janvier
au
31 Décembre 2001

Incidence d’un apport en graines de lin ou en tourteau de colza fermier chez la brebis et/ou l’agneau sur les performances et le profil en acides gras de la viande d’agneaux élevés en bergerie ou au pâturage

Incidence d’un apport en graines de lin ou en tourteau de colza fermier chez la brebis et/ou l’agneau sur les performances et le profil en acides gras de la viande d’agneaux élevés en bergerie ou au pâturage

Contexte

Face aux déséquilibres alimentaires observés dans le monde occidental, plus particulièrement la consommation excessive de graisses saturées et un rapport en acides gras (AG) polyinsaturés n-6/n-3 trop élevé, de nombreuses recherches tentent d’améliorer la composition des matières grasses des produits animaux. Dans ce contexte, le pâturage et l’apport de graines de lin peuvent permettre d’atteindre cet objectif de manière naturelle. Ces modes d’alimentation tiennent compte des attentes des consommateurs et représentent ainsi une opportunité pour le secteur agricole.

Objectifs

Les deux premiers essais sont menés en vue d’étudier l’incidence d’une complémentation en graines de lin extrudées dans la ration des brebis et celle des agneaux sur les performances zootechniques et la composition en acides gras de la viande des agneaux produits selon deux modes de conduite (bergerie et pâturage). Un troisième essai compare, chez l’agneaux de bergerie, l’impact d’un apport en graine de lin thermotraitée par rapport à des formes plus simples (native ou aplatie) et à une source plus indigène en poly-insaturés, celle d’un tourteau de colza fermier.

Résultats obtenus

Pour l’essai “ bergerie ”, aucune différence significative n’est mise en évidence au niveau des performances de croissance et des rendements d’abattage des agneaux selon le type de régime (Tableau 1). Cependant, les agneaux complémentés avec des graines de lin semblent témoigner d'une croissance plus faible (-12% environ) par rapport aux agneaux non complémentés avec le lin. Pour l’essai “ pâturage ”, les animaux finis à l’herbe accusent une croissance significativement plus faible que celle des agneaux finis en bergerie avec ou sans lin et une date d'abattage plus tardive avec un rendement d’abattage plus faible (tableau 1). Le type d’alimentation des brebis et celui des agneaux n’ont eu aucun impact sur les teneurs en matière sèche et en matières grasses de la viande (tableau 2). [image] Pour les agneaux de bergerie, l’apport de lin (15% du régime) dans leur alimentation engendre une augmentation significative de la teneur en C18:3 n-3 (+130%) et en CLA (+20%) ainsi qu’une diminution du C16:0 (-5%), du C18:1 cis (-5%) et du rapport n-6/n-3 (-61%) (tableau 2). Pour les agneaux d’herbe, la finition au pâturage (H), par comparaison à la finition en bergerie avec (L) (12.5% du régime) ou sans (T) apport de lin, augmente les teneurs en C12:0 (respectivement +63 et 68%), C18:0 (+26 et 21%), AGS (+8 et 4%) et diminue les teneurs en C16:0 (-8 et 11%), C18:2 cis (-33 et 25%) et en monoinsaturés totaux –AGMI- (-5 et 6%) (Tableau 2). La proportion plus importante des AGS au pâturage est essentiellement expliquée par la hausse significative du C18:0. Les agneaux finis à l’herbe ou en bergerie avec du lin se distinguent de ceux non supplémentés en lin par une proportion plus importante en C18:3 n-3 (respectivement + 103 et 117%), une proportion moindre en C18:1 cis (–10 et 8%) et une baisse du rapport n-6/n-3 (-60 et 52%). En ce qui concerne les CLA, ce sont les agneaux finis à l’herbe qui présentent les proportions les plus élevées. Pour les agneaux finis en bergerie, on constate une hausse des teneurs en C18:1 trans (+108%) et en AGPI (+21%) avec le lin. Comme relaté dans la littérature, nos essais confirment que l’alimentation des agneaux avant et après sevrage peut, sous certaines conditions, influencer significativement la composition des matières grasses de la viande. La complémentation des agneaux en graines de lin, riches en C18:3 n-3, augmente les proportions de cet acide gras et des CLA. De même, la proportion élevée de C18:3 n-3 chez les agneaux finis à l’herbage peut être attribuée à un apport conséquent en AGPI (principalement en C18:3 n-3) provenant de l’herbe. Le pâturage augmente également la teneur en CLA de manière conséquente. L’alimentation lactée de l’agneau influence aussi la composition des matières grasses de la viande. Cet effet se marque d’autant plus que l’abattage est proche du sevrage. Ceci peut expliquer l’effet bénéfique de la complémentation en lin des brebis durant la période d’allaitement sur le spectre en acides gras de la viande des agneaux de bergerie. Indépendamment du régime, le sexe des agneaux semble également influencer la qualité diététique des MG de la viande, les agneaux mâles élevés en bergerie présentant des proportions plus élevées en CLA que les femelles. Toutefois, cet effet du sexe ne se marque plus sur la teneur en CLA de la viande des agneaux d’herbage. Pour le troisième essai, aucune modification de la teneur en lipides intra-musculaires, ni des proportions en AG saturés, mono et poly-insaturés totaux n’est observée entre les régimes. Comparativement aux lots témoin et colza, l’apport de lin, quelle que soit sa forme, a généré des teneurs en acide alpha-linolénique très significativement supérieures (+60%). L’essai ne montre aucune différence pour les critères âge (97 jours) et poids à l’abattage (37 kg), poids de carcasse (18 kg) et rendement (48 %), état d’engraissement (note moyenne de 2,8 selon la grille OFIVAL) et qualité de gras (pas de défauts de couleur et de tenue relevés). Cette absence de différence (données zootechniques et profil en AG) entre les trois lots avec lin (entier, aplati et extrudé) semble indiquer que les agneaux ont une aptitude équivalente à métaboliser la graine sous les différentes formes testées. Nos essais semblent donc indiquer que, lorsque l’herbe disponible ne permet pas d’assurer la finition des agneaux, l’utilisation de graines de lin extrudées peut conférer à la viande un profil en acides gras de qualité similaire. En outre, l’utilisation de graines de lin sous forme entière semble conférer à la viande les mêmes qualités nutritionnelles que la forme extrudée. Bien que ne permettant pas d’atteindre un profil en AG similaire à celui obtenu avec le lin, le tourteau de colza fermier se révèle toutefois plus intéressant au niveau économique.

Contribution

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