LA BELLE HISTOIRE…
Jusqu’au milieu des années 2000, la cécidomyie orange du blé n’avait guère fait parler d’elle en Belgique. Pourtant,
à travers quelques « évidences » observées dans des essais de plein champ, Jean-Luc Herman et Luc Couvreur
(CRA-W) avaient déjà attiré l’attention sur les nuisances possibles de ce petit diptère dans les régions céréalières
de Wallonie. Insensiblement, la question s’est mise à habiter l’esprit des entomologistes, d’autant plus qu’à cette
époque, des informations provenant principalement d’Angleterre -juste de l’autre côté de la Manche !- indiquaient
que la cécidomyie orange était vraisemblablement le ravageur le plus nuisible du blé.
L’occasion d’entamer des travaux structurés sur cet insecte s’est présentée au printemps 2005, lorsqu’un industriel,
venu pour toute autre chose, nous a négligemment déposé quelques capsules de phéromones de cécidomyie
orange en déclarant que si ça « pouvait nous amuser », il en était ravi. Premiers déploiements de pièges en 2005 et
2006, et premiers résultats tranchants : chaque piège peut capturer des centaines d’individus en une seule soirée
de vol. Les pièges à phéromones permettent enfin de visualiser le petit ravageur fantôme ! Sur une même plaine,
certains champs s’avèrent très infestés, d’autres très peu, et au sein d’un même champ, l’infestation est quasi
homogène. Il y a donc des champs sources, d’autres pas, et l’infestation est intimement liée à l’histoire de la parcelle.
Qu’en est-il du risque ? Peut-on prévoir les dates d’émergence ? Quid des déplacements ? Comment utiliser la phéromone
sexuelle pour évaluer le risque ? Pour tenter de répondre à ces questions, un projet de recherche a obtenu
le soutien financier de la Région wallonne (DGO 3, DGARNE). Guillaume Jacquemin a pu entamer les vrais travaux,
lesquels ont été poursuivis à partir de 2011 par Sandrine Chavalle. Parallèlement, Florence Censier, après son TFE
sur le même sujet, a obtenu une bourse FRIA pour un projet visant à étudier la cécidomyie équestre. Cette espèce
n’avait plus été signalée en Belgique depuis 40 ans. Comme sortie de nulle part, elle était à nouveau observée dans
tout le pays et commettait de gros dégâts dans certains champs proches de la côte.
Des agronomes de terrain ont perçu l’importance du problème et ont posé les bonnes questions. La découverte
d’une phéromone a servi de déclencheur. Un projet a mûri et obtenu le financement nécessaire. Puis, la passion,
le travail des chercheurs et des techniciens ont fait le reste. Voilà les ingrédients de la belle histoire qui vous est
racontée dans les pages qui suivent.