En agriculture biologique de conservation des sols (ABC), la gestion des adventices et la disponibilité en azote sont les deux principaux freins à la mise en place de modèles sans travail du sol, ni pesticides, encore utopiques à grande échelle et, destinés à restaurer la santé des sols. Compte tenu de ce constat, l’idée d’éviter de laisser le sol à nu durant la rotation en implantant des couverts végétaux semble être, depuis quelques années, la solution toute trouvée. Englobées dans le vaste concept d’engrais verts, les légumineuses attirent particulièrement l’attention du monde agricole. Parmi leurs nombreux intérêts, leur capacité à fixer l’azote atmosphérique grâce aux nodosités de leurs racines est sans doute le plus connu et recherché dans les systèmes de culture bas intrants. A l’heure actuelle, ces couverts sont surtout utilisés en interculture et sont totalement détruits avant implantation de la culture suivante.
Les techniques culturales de relay-cropping ou inter-cropping,regroupées sous le terme général de co-cultures, proposent quant à elles de semer deux cultures en les séparant un rang sur deux dans l’espace de la parcelle. Le couvert est maintenu tout au long de la rotation et permet une couverture maximale de l’inter-rang pour limiter la prolifération d’adventices, un relargage d’azote fractionné au cours du cycle, de même qu’une amélioration de la structure du sol tout en limitant l’érosion.
Le projet BioCoCrop vise ainsi à développer une solution phytotechnique basée sur un couvert permanent en bandes de légumineuses entre lesquelles seront implantées successivement deux cultures de rente :maïs au printemps et froment en hiver. Les principaux défis à relever concernent le choix de la légumineuse adaptée et son contrôle afin qu’elle ne concurrence pas la culture en place tout en maitrisant les adventices. Grâce aux avancées dans le domaine du guidage de précision (GPS RTK) ainsi qu’à une organisation spatiale optimisée par rapport aux largeurs d’outils de travail, il semble désormais possible de réguler mécaniquement la croissance du couvert permanent grâce à un outil de fauche localisée (encore au stade de prototype). En plus d’étudier de façon globale la faisabilité d’un tel itinéraire technique, trois modalités de légumineuses seront comparées : (1) luzerne, (2) trèfle blanc nain, (3) mélange de luzerne, lotier et trèfle violet.
A terme, l’objectif est d’évaluer la co-culture comme levier permettant la résilience des systèmes biologiques bas intrants. Ce modèle agricole intéressant sur le papier pourrait assurer une sécurité de rendement à moyen et long termes, de par l’apport espéré d’un complément d'azote à la culture et une perspective de diversification des récoltes (protéiques et céréalières).
Financement : Plan de relance de la Wallonie