Avec l’évolution du marché, le changement climatique et les exigences changeantes de la filière, la demande de variétés plus robustes est de plus en plus élevée. Une des composantes principales est une bonne résistance au mildiou qui est de loin la principale maladie de la pomme de terre contre laquelle de très nombreux traitements fongicides doivent être appliqués. Par ailleurs, les changements climatiques vont sans doute imposer de pouvoir disposer de variétés plus tolérantes aux stress hydriques et à des épisodes de fortes hausses des températures. La mission du CRA-W est désormais de pouvoir proposer au marché belge des nouvelles variétés qui répondent à ces exigences, tout en maintenant une bonne qualité et des rendements élevés.
Pour atteindre ces objectifs, le programme de sélection travaille sur deux points :
La résistance au mildiou :
Notre stratégie se base sur la combinaison "pyramidale" de gènes de résistance à plusieurs souches de Phytophthora infestans ainsi que sur l’association de différents mécanismes de résistances polygéniques. Pour ce faire, l'identification de gènes de résistance présents dans le panel de géniteurs utilisés dans notre programme de sélection est une étape essentielle. De plus, des travaux de mise en évidence de géniteurs possédant des composantes de résistances polygéniques seront également entrepris. Cela nous permettra de croiser des parents ayant des gènes de résistances différents, dans l'espoir de les combiner chez un même hybride.
Le suivi de l'évolution des souches de mildiou et des contournements des gènes de résistance est également une information qui nous permettra d'être plus précis dans le choix des géniteurs puis des hybrides par la suite. Ce dernier point est assuré chaque année par le laboratoire mildiou du CRA-W.
De premiers objectifs ont été atteints avec la création de trois variétés ayant une certaine résistance au mildiou : ‘Louisa’ en 2017, ‘Floribel’ en 2022 et ‘Sarpira’ en 2023. Cette création de nouvelles variétés plus résistantes au mildiou permet de remplacer les variétés traditionnelles qui y sont très sensibles telles que ‘Bintje’, ‘Fontane’, ‘Challenger’...
La résistance au stress hydrique :
L’étude des caractères physiologiques des plantes face au stress hydrique à l'aide de différents outils de phénotypage nous permet de définir des moyens de sélection efficaces et précis face à ce type de stress. Ces outils permettent d’accélérer le processus d’amélioration des plantes.
Une expérimentation menée dans les serres du CRA-W visait à déterminer les réponses d’une série de cultivars de pommes de terre aux stress dus à la sécheresse. Cette expérience a montré des différences génétiques en ce qui concerne la réponse au stress, en particulier au niveau des caractères agronomiques (tels que le poids et le nombre des tubercules) et des paramètres physiologiques. La diminution de la conductance stomatique est l’une des premières réponses au stress hydrique mesurable à l’aide d’un « conductimètre ». En effet, la diminution de la conductance stomatique donne une réponse directe de la fermeture des stomates face à ce type de stress. Ce phénomène permet à la plante de maintenir la turgescence des feuilles. L’essai a montré que les variétés qui ferment plus rapidement leurs stomates présentent un indice de tolérance au stress hydrique plus élevé.