C’est le cas du blé dur (Triticum turgidum L. subsp. durum). Cette céréale à paille est cultivée principalement dans les régions chaudes et sèches du pourtour méditerranéen et utilisée pour la production de semoule, de pâtes alimentaires, de boulghour et de biscuits. L’Italie, la France, l’Espagne et la Grèce produisent 90% du blé dur européen, soit 7 750 000 tonnes en 2019, mais il est également cultivé dans des régions plus septentrionales telles que le Canada ou la Russie. Le blé dur est une culture aussi bien d’hiver que de printemps.
Depuis 2018, le CRA-W implante des essais exploratoires pour déterminer si le blé dur peut trouver sa place dans l’assolement en Wallonie.
Concrètement au CRA-W, ce sont plus de 24 variétés qui ont été testées sur 5 essais. Une cinquantaine de champs d’agriculteur sont également suivis.
Hormis quelques différences, la conduite culturale est très proche de celle d’un blé tendre panifiable caractérisée par une teneur élevée en protéines.
Au cours des deux saisons culturales, les rendements maximaux obtenus ont atteint voire dépassé les 10 tonnes/ha. Par ailleurs, de profondes différences entre variétés ont été observées, ce sont les variétés originaires de France qui ont fourni les meilleurs rendements. Une partie des essais étant « non traités », des résultats concernant la tolérance des différentes variétés aux maladies fongiques sont également disponibles. Les essais « de printemps » affichent sans surprise des performances inférieures à celles des semis d’hiver. Les dégâts liés au froid restent un critère crucial pour le développement de la culture en Belgique et les quelques observations réalisées montrent que la diversité variétale rencontrée permet d’apporter une réponse à ce problème. Les variétés originaires de l’Europe de l’Est se sont avérées très tolérantes à la vague de froid de février 2021.
Les critères technologiques permettant d’évaluer la qualité des grains et leur aptitude à la transformation en pâtes alimentaires ont également été analysés et les résultats sont satisfaisants.
Cette culture semble donc prometteuse. La diversité variétale existante permet d’envisager l’intégration de cette culture dans nos rotations mais également de fournir du matériel intéressant pour une sélection adaptée à la Belgique.
Ces résultats encourageants ouvrent la porte à de nouveaux essais afin 1) d’étendre le screening variétal, 2) de couvrir les conditions pédoclimatiques et les systèmes de production (ex. : AB) et 3) d’améliorer la conduite culturale via la mise en place d’essais phytotechniques spécifiques en lien avec les critères de qualité recherchés pour la valorisation en alimentation humaine.