L’élevage est souvent pointé du doigt comme étant un utilisateur net de denrées alimentaires, la quantité d’aliments produits par les animaux étant toujours inférieure à la quantité consommée. Cette compétition problématique entre l’alimentation humaine et alimentation animale soulève certaines questions éthiques …
Cette compétition n’est cependant pas une fatalité. Comme l’illustre une première estimation de la compétition feed-food en élevage laitier réalisée par le projet AUTOPROT, l’élevage peut être un producteur net d’aliments pour l’humain. Ainsi, en moyenne, les élevages laitiers situés en zone herbagère produisent 1,7 fois plus de protéines et d’énergie valorisables par l’homme qu’ils n’en utilisent. Afin d’y parvenir, plusieurs voies sont à optimiser, et notamment : l’utilisation de l’herbe dans l’alimentation des ruminants et la valorisation de co-produits d’industries agro-alimentaires, et ce dans tous types de productions animales.
Pour le premier volet,les projets de recherche EFFORT et PROTECOW objectivent la manière dont une meilleure valorisation de l’herbe, pâturée et conservée, permet de réduire l’apport de concentrés tout en maintenant les performances des exploitations. Pour ce faire, les potentialités offertes par l’utilisation d’un spectromètre infrarouge portable à la ferme en vue d’une meilleure prédiction de la valeur alimentaire des fourrages et leur place dans la ration sont explorées. Le projet MIXENABLE, quant à lui, met en valeur l’intérêt du pâturage mixte dans la valorisation de l’herbe.
Une fois la valorisation des fourrages optimisée (en lien avec les objectifs de production de l’agriculteur), une autre voie pour diminuer la compétition avec l’alimentation humaine consiste à recourir aux co-produits en tant qu’aliments concentrés équilibrant les rations. Chez les monogastriques, cela permet de surcroit une réduction des impacts environnementaux comme souligné par le projet MonoDECIDE. L’utilisation de co-produits rencontrent cependant certains freins (mais également des leviers) que le projet SUSTAINBEEF a permis d’explorer lors de groupes de discussion avec des agriculteurs et les acteurs des filières. Outre des freins culturels, liés à la connotation péjorative de « déchets » ou « sous-produits » – entendez produits de faible qualité – attachée à ces co-produits, c’est surtout la compétition avec d’autres usages, et notamment de production énergétique, qui représente une menace pour les agriculteurs. Des difficultés techniques liées au stockage et à la distribution de ces co-produits, en particulier s’ils sont humides, ont également été soulignées. La conservation en silo unique pourrait de ce point de vue représenter une solution que le projet envisage d’explorer, par modélisation. Le projet MIXENABLE s’intéresse également à la valorisation des co-produits disponibles directement dans les fermes en objectivant les échanges possibles entre les différents ateliers d’élevage et/ou de culture, au sein d’une même exploitation. Enfin, les monogastriques ne sont pas en reste, puisque le projet COPROPIG optimise la valorisation du marc de pommes dans l’alimentation du porcelet en post-sevrage.
Retour en images avec le témoignage de Luc Marlier sur la valorisation en ferme de coproduits de l’industrie agro-alimentaire.