Ces complémentarités ont été longtemps valorisées par les agriculteurs, mais la spécialisation d’une grande partie des exploitations au cours de l’histoire récente a réduit les bénéfices tirés de l’association.
Aujourd’hui, l’obligation de couverture du sol imposée par la Directive Nitrates offre une opportunité de recréer du lien entre les terres de cultures et les animaux. En effet, des partenariats entre des cultivateurs et des éleveurs de moutons voient le jour, dans le but de faire pâturer les intercultures.
Selon les résultats observés depuis trois ans dans le cadre du projet DiverImpacts, faire paître des ovins sur les CIPANs (cultures intermédiaires pièges à nitrates) semble comporter de nombreux avantages, surtout dans le cadre de partenariats entre les exploitants de terres et les propriétaires de moutons.
Pour l’éleveur, les intercultures constituent un fourrage de bonne qualité et très économique, disponible à un moment où la productivité des prairies permanentes est plutôt faible. De son côté, le cultivateur peut économiser le coût des semences de couvert (en fonction de l’accord conclu avec l’éleveur) et bénéficier d’une destruction naturelle du couvert. C’est donc économiquement intéressant pour les deux parties.
Mais quelles sont les conséquences agronomiques de cette pratique?
Pour le savoir, le projet SERVEAU a été lancé par le CRA-W en collaboration avec l’UCLouvain et le Collège des Producteurs. Financée par la Société Publique de Gestion de l’Eau (SPGE), l’étude vise à quantifier les impacts du pâturage des intercultures par les ovins sur la qualité des eaux souterraines notamment.
En effet, l’objectif des CIPANs est d’abord de protéger ces eaux de la pollution par les nitrates, en captant l’azote lessivable resté après une culture principale. Il faut donc s’assurer que le pâturage ne menace pas ce rôle de protection de l’environnement. Durant la première année d’essai qui vient de s’achever, six sites ont été suivis un peu partout en Wallonie.
Les premiers résultats indiquent que la pratique n’aurait que très peu d’impact sur le lessivage des nitrates, ce qui est encourageant pour la suite. L’abondance des adventices ne serait pas affectée non plus par le passage des moutons, pas plus que les rendements de pois de conserverie, des pommes de terre ou de betteraves sucrières (cultures qui ont suivi le pâturage).
Ainsi les moutons permettraient de mieux valoriser l’interculture sans causer de risque environnemental ou de perte de rendement par la suite. Les résultats doivent bien sûr être vérifiés sur plusieurs années mais les premières tendances observées sont très prometteuses !
Projets impliqués : SERVEAU (financement SPGE, n°DF16), DiverImpacts (financement européen Horizon 2020, n°727482).