Les sols rendent de nombreux services
En ce début de troisième millénaire, les défis sociétaux sont nombreux : assurer durablement la sécurité alimentaire, lutter contre le changement climatique ou s’y adapter, protéger l’environnement et la biodiversité… Les sols agricoles, outre leur fonction productive de base, jouent un rôle essentiel pour répondre à ces défis de par les nombreux services écosystémiques qu’ils peuvent fournir et via la biodiversité qu’ils abritent. Ils régulent les processus hydrologiques (recharge des nappes phréatiques et épuration de l’eau), limitent le ruissellement, les inondations, l’érosion et les coulées boueuses, balancent les émissions de GES en stockant du carbone… Ces services seront plus ou moins activés, selon le mode de gestion et les pratiques agricoles mises en oeuvre. Pour cette raison, les systèmes agricoles intensifs sont remis en question et de nouvelles solutions sont proposées.
S’aider du sol face au changement climatique
Le changement climatique est au coeur des préoccupations citoyennes, scientifiques et politiques. Les épisodes de sécheresse à répétition que nous avons récemment connus en sont une conséquence tangible. Au niveau agricole et de la gestion des agroécosystèmes, on peut y répondre de deux façons : s’attaquer aux causes du changement climatique ou en atténuer ses effets. Le sol peut jouer un rôle dans l’une ou l’autre réponse.
L’atténuation des effets du changement climatique passe - entre autres - par le travail du sol et la mise en place de pratiques culturales durables permettant de préserver l’humidité du sol face aux épisodes de sécheresse, de réduire les risques d’érosion à la suite de précipitations intenses, et en vue de diversifier les productions pour limiter les risques en général (sanitaires, économiques). Dans cette voie, les pratiques explorées en agroécologie, en agriculture biologique ou en agriculture de conservation offrent un cadre de réflexion pertinent : réduire le travail du sol, allonger les rotations grâce à la diversification culturale, maximiser la couverture du sol dans le temps et dans l’espace, favoriser la fertilité biologique et les mécanismes naturels.
Tenter d’endiguer les causes du changement climatique est un tout autre défi. Mais ici également, l’agriculture et les sols ont un rôle à jouer. Deux grandes voies sont envisagées : la première s’attelle à la réduction des émissions de gaz à effet de serres issues du secteur agricole, via l’adoption de pratiques limitant les besoins énergétiques des machines, réduisant les besoins en intrants chimiques, que ce soit fertilisants ou produits phytosanitaires. La deuxième voie est, au-delà de la préservation des stocks de carbone actuels, celle du stockage/de la séquestration du carbone dans le sol là où il est faible (systèmes de grandes cultures). Cette option est au coeur de l’initiative 4/1000 proposée lors de l’Accord de Paris sur le climat. Les recherches dans ce domaine sont récentes : quelles techniques, quels (sous-)produits accepter ? Quelle séquestration potentielle pour compenser les émissions du secteur agricole ou même les émissions d’autres secteurs également ? Si des questions scientifiques, techniques et de mise en oeuvre subsistent, différentes équipes de recherches en Europe sont engagées pour y apporter des pistes de réponses.
Cet article est un extrait du dossier "Gestion des sols" de la Lettre Paysanne n°105 - décembre 2020
Liens utiles vers des projets spécifiques :
• sur les sols : projet EJP Soil - https://projects.au.dk/ejpsoil/
• sur la diversification des cultures : projet DiverIMPACTS - https://www.diverimpacts.net/
• sur le stockage de carbone : initiative des 4/1000 - https://www.4p1000.org/fr