La recherche dans le domaine du travail du sol est vaste et deux « écoles » s’opposent constamment, à savoir : l’utilisation de la charrue (labour) ou la simplification du travail du sol (allant du décompactage au semis direct).
Les techniques culturales simplifiées (TCS) sont réputées pour être plus respectueuses de la fertilité du sol (physique et biologique) mais peut présenter toutefois des désavantages dont la baisse fréquente des rendements et l’utilisation accrue d’herbicides totaux (glyphosate) pour contrer la pression des adventices.
De plus, la diversité des assolements et la charge élevée en plantes sarclées dans les rotations sont deux caractéristiques de l’agriculture wallonne qui constituent un frein à l’expansion des TCS dans nos régions.
Dans ce contexte, le Strip-Till, hybride entre les TCS et le labour, semble permettre de tirer le meilleur parti de ces deux modes de travail du sol et est susceptible de satisfaire les agriculteurs wallons. Il s’agit d’une technique de travail du sol « en bandes » qui consiste à ameublir le sol uniquement à l’emplacement de la future ligne de semis en laissant l’inter-rang intact et couvert par les résidus de culture.
Cette technique a été mise au point aux Etats-Unis où les agriculteurs étaient confrontés à de graves problèmes d’érosion, en culture de maïs notamment. Après avoir testé le semis direct et constaté que la compaction du sol qui en résultait était souvent néfaste pour les cultures, un agriculteur a mis au point ce mode de travail du sol.
Les premiers Strip-Tillers européens sont apparus en 2005 mais un fort intérêt pour cette technique est observé en Europe depuis 2010. En Wallonie, une réflexion est menée par le CRA-W depuis 2000 sur le positionnement des rangs de betteraves par rapport aux passages de dents dans les sols décompactés (cf. CRA-W Info n°5 – hiver 2004). Le CRA-W s’est ensuite naturellement intéressé au Strip-Till et des essais exploratoires sur cette technique ont été mis en place en 2012 et 2013.
Les avantages attendus du Strip-Till sont les suivants : limitation des efforts de traction et économie en carburant, diminution de l’impact négatif des tassements fréquemment observés en TCS, facilité d’implantation de la culture (rang bien dégagé), économie en eau, réchauffement du sol plus rapide qu’en TCS, diminution des risques d’érosion, plus grande souplesse dans le choix des cultures intercalaires (suppression des contraintes liées à la destruction hivernale). A cela s’ajoute la possibilité de pratiquer une fertilisation ainsi qu’un désherbage localisés (économies d’intrants et moindres risques pour l’environnement).