Dans les articles relatifs aux systèmes de poly-élevage, les espèces concernées sont généralement des ruminants, (bovins, ovins et plus rarement les caprins). Concernant les porcins et les volailles, les mentions sont beaucoup plus rares. Cela tient compte du fait, en autre, que la plupart des articles ayant trait au poly-élevage s’intéressent essentiellement au co-pâturage. Pourtant, en élevage biologique, on s’intéresse de plus en plus au pâturage des monogastriques.
Dans le cadre du projet Mix-Enable, l’étude menée concerne les fermes biologiques disposant de plusieurs ateliers d’élevage. 128 fermes ont été enquêtées dans 7 pays européens. Seules les données relatives à 102 fermes ont été valorisées dans le calcul d’indicateurs. Parmi ces données, on trouve les types d’espèces élevés dans chaque ferme.
Présence des ateliers porcs et volaille au sein des 102 fermes
Au sein des 102 fermes, on dénombre 21 sortes de combinaisons d’espèces, dont treize concernent deux espèces et huit autres de trois espèces. Parmi les espèces présentes, on retrouve les bovins, les ovins, les caprins, les porcs et les volailles.
Les fermes disposant d’un atelier porcin représentent 36 % des effectifs. Parmi ceux-ci, 24 % sont des naisseur-engraisseur, le reste étant des engraisseurs. Les fermes disposant d’un atelier volaille représentent également 36 % du nombre total de fermes. 19 % des fermes possèdent à la fois un atelier porc et un atelier volaille. Ces espèces sont associées à des troupeaux bovin laitier, bovin allaitant et/ou mouton viandeux.
Les interconnexions entre les ateliers d’élevage
Certains éleveurs ont développé des pratiques qui connectent les ateliers d’élevage ruminant aux élevages monogastriques :
- Au niveau du logement : 3 élevages de volailles partagent leur logement avec des bovins et des ovins (simultanément avec des bovins et alternativement avec des ovins, pour des troupeaux allant jusqu’à 2000 pondeuses et 600 poulets de chair) et 4 élevages de porcs sont logés avec des bovins ou des ovins (simultanément avec des bovins et ovins pour des troupeaux de 15 à 325 porcs et alternativement avec des bovins pour un troupeau de 40 porcs) ;
- Au niveau du pâturage : 5 élevages de porcs pâturent avec une autre espèce présente sur la ferme. Quatre en pâturage alterne avec des bovins (sur des surfaces de 1 à 6 ha pour des troupeaux de 2 à 5 truies) et 1 en pâturage simultané avec des ovins (sur une surface de 90 ha pour un troupeau de 60 truies). Les truies taries, peuvent consommer de 1,1 à 10,5 kg/j d’herbe en poids frais au printemps et 4,3 à 11,8 kg/j en été.
Quinze élevages de volailles pâturent avec une autre espèce présente sur la ferme. Six en pâturage simultané avec des bovins (sur des surfaces de 0,5 à 2 ha pour des troupeaux de 50 à 1800 individus en pondeuses) et 5 en pâturage alterné avec des bovins (sur des surfaces de 0,5 à 5,5 ha pour des troupeaux de 160 à 225 pondeuses et sur des surfaces de 1,6 à 4,3 ha pour des troupeaux de 18200 à 30000 poulets de chair). Chez le poulet de chair, la quantité ingérée de végétaux varie entre 0,2 et 15,4 g MS/j, selon la saison, le type de couvert et l'équilibre de la ration. Les volailles élevées sur pâturage couvrent jusqu’à 3 % de leurs besoins en énergie par des fourrages ;
- Au niveau des flux de matière entre ateliers d’élevage : les fermes disposant d’un atelier laitier valorisent les eaux de lavage de laiterie en alimentation porcine. Les fermes transformant le lait en fromage valorisent le lactosérum en alimentation porcine. Les éleveurs valorisant ces sous-produits en alimentation porcine réalisent des économies sur l’achat de concentrés. Une vache laitière permettrait d’engraisser 2 porcs sur une année, à raison de 2000 l de lactosérum (soit 12 l par jour), complétés par 300 à 350 kg de céréales. En Belgique, un éleveur de bovin laitier et engraisseur de porc qui transforme son lait en fromage, n’engraisse des porcs qu’à la bonne saison pour faire coïncider la présence de porcs avec le pic de lactation (et de production de lactosérum qui en découle).
Bien qu’étant des options encore peu développées, les complémentarités entre ateliers ruminant et monogastrique peuvent se révéler très intéressantes, tant au pâturage que dans la valorisation des sous-produits.