Le genre Phytophthora regroupe principalement des agents pathogènes du sol s’attaquant aux racines fines de leur hôte, se développant préférentiellement en milieu humide et susceptibles d’infecter une large gamme de végétaux. Certains Phytophthora affectant les ligneux, tels que Phytophthora alni responsable du dépérissement de l’aulne glutineux, P. cambivora associé au dépérissement du hêtre ou P. ramorum responsable de la mort subite du mélèze, font l’objet depuis plusieurs années de recherches spécifiques au CRA-W.
Diverses études montrent cependant que la diversité des Phytophthora forestiers est encore mal connue et cette méconnaissance réside notamment dans la difficulté à détecter ces agents pathogènes à partir de matrices complexes telles que le sol ou l’eau. Une méthode de détection par piégeage exploite la faculté des Phytophthora à se déplacer dans l’eau grâce à des spores biflagellées. En mettant en contact pendant quelques jours une certaine quantité de sol avec de l’eau et des feuilles de rhododendron, espèce végétale sensible à de nombreux Phytophthora, les spores mobiles des Phytophthora éventuellement présents dans le sol vont nager à la rencontre des feuilles et les infecter. Des mises en culture effectuées sur milieu sélectif à partir de petites nécroses qui se sont formées sur ces feuilles pièges permettent ensuite d’isoler l’agent pathogène. De manière similaire, la présence de Phytophthora dans l’eau de rivière est mise en évidence en plaçant pendant plusieurs jours dans les cours d’eau étudiés des petits sachets flottants contenant des feuilles de rhododendron.
Le piégeage, précieux pour les chercheurs car il permet la capture de souches vivantes de Phytophthora issues de sol ou de cours d’eau, fait l’objet d’optimisation au CRA-W mais demeure cependant fort tributaire de divers critères tels que la compétition avec d’autres organismes présents dans le sol ou l’eau de rivière ainsi que la période de l’année plus ou moins propice au piégeage de Phytophthora. Cette méthode est toutefois régulièrement mise à profit lors d’études épidémiologiques sur les Phytophthora déjà identifiés en Wallonie. Elle est également utilisée à l’heure actuelle dans le cadre du projet européen RESIPATH auquel participe le CRAW afin d’étudier la diversité des Phytophthora retrouvés dans les sols forestiers et cours d’eau de notre région.