En 1993, une nouvelle maladie appelée « mort subite du chêne » a été observée en Californie. Quelques années plus tard, une maladie causée par un Phytophthora a été identifiée en Allemagne et aux Pays-Bas sur des Rhododendrons, provoquant des nécroses sur rameaux et des taches brunâtres sur les feuilles et les bourgeons (fig. 1). Les deux maladies se sont avérées être causées par un même Phytophthora appelé Phytophthora ramorum. En Europe, l’agent pathogène a tout d’abord été identifié en pépinière sur des rhododendrons et des viornes. Par la suite, il a été identifié sur d’autres plantes ornementales, et notamment sur Camellia, Hamamelis, Kalmia, Leucothoe, Pieris, Syringa, Taxus et Vaccinium. P. ramorum infecte les feuilles et les rameaux. Il est hétérothallique et jusqu’à il y a peu, seul le type sexuel A1 était présent en Europe, le type A2 étant présent aux USA. En 2003, un des isolats belges de P. ramorum a été classé comme type A2 européen. [image] Depuis Novembre 2002, des mesures phytosanitaires ont été prises par les Etats Membres pour éviter l’introduction et la dispersion de P. ramorum dans la Communauté (Décision de la Commission 2002/757/EC).
Objectifs
En raison du grand nombre de plantes-hôtes, de la dissémination aérienne de l’agent pathogène et de l’identification récente du seul type A2 européen en Belgique, l’étude a été entreprise pour déterminer l’importance de la maladie en Wallonie et évaluer la capacité du Phytophthora (types sexuels A1 et A2) à infecter des espèces forestières indigènes.
Description des tâches
1) Occurrence de Phytophthora ramorum en Wallonie Depuis 2003, le laboratoire participe à l’enquête mise en place par le Service de la Protection des Plantes (AFSCA, Agence Fédérale pour la Sécurité Alimentaire) pour la détection de P. ramorum dans les pépinières ornementales et les espaces verts. L’agent pathogène est détecté par isolement sur milieu semi-sélectif et PCR en temps réel en utilisant une méthode décrite par l’organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP, document 04/10702). 2) Constitution d’une collection d’isolats belges de P. ramorum et caractérisation Les isolats identifiés dans le cadre de l’enquête décrite ci-dessus sont maintenus en collection. Une base de données a été créée avec les informations nécessaires pour leur caractérisation (origine, plante-hôte, date de collecte). Le type sexuel (A1 ou A2) est déterminé par croisement entre isolats compatibles tandis que la technique PCR-RFLP décrite par Kroon et al (Phytopathology 94, 613-620) est utilisée pour vérifier l’origine européenne des isolats. 3) Sensibilité des espèces forestières indigènes aux souches A1 et A2 Le projet prévoit des tests de pathogénicité sur des jeunes plants de Picea abies, Pseudotsuga menziesii, Abies nordmanniana, Fraxinus excelsior, Fagus sylvatica, Quercus robur, Q. petraea et Carpinus betulus pour évaluer leur sensibilité à la maladie. Les deux types sexuels identifiés en Belgique (type A1 isolé de Rhododendron et type A2 isolé de Viburnum bodnantense) seront évalués. 4) Infection à partir de sol Comme la seule souche européenne de type A2 a été isolée à partir de racines de Viburnum bodnantense (De Merlier et al., 2003), des échantillons de sol seront collectés en pépinière dans des zones infectées, et évalués pour leur potentiel infectieux en utilisant une technique de piégeage par mise en suspension dans de l’eau déminéralisée en présence de jeunes feuilles de Rhododendron.
Résultats attendus
A l’issue du projet, des informations relatives à la dissémination de la maladie en Wallonie, et à la gamme de plantes-hôtes susceptibles d’être infectées seront disponibles.