La lutte contre le mildiou de la pomme de terre est grande consommatrice de produits phytosanitaires …
La production belge de pommes de terre est en constante augmentation en réponse à une demande de plus en plus importante. La surface cultivée belge en 2023 représente près de 100.000 ha (source: Fiwap).
La culture de pommes de terre est la grande culture la plus consommatrice en produits de protection des plantes (PPP), principalement en raison du mildiou et de la présence naturelle de l’agent responsable Phytophthora infestans, de sa capacité à coloniser tous les organes de la plante, et de son potentiel épidémique très important. Un champ peut littéralement être détruit en quelques jours.
… mais des avancées scientifiques peuvent diminuer leur usage.
Les avertissements mildiou actuels se basent sur des critères épidémiologiques et météorologiques. Les avancées réalisées ces dernières années dans les méthodes de détection moléculaire et des connaissances sur les interactions plante-pathogène et le développement de la météorologie de précision permettent d’affiner l’évaluation du risque mildiou à l’échelle de la parcelle.
Objectif
L’objectif global est de développer un système SMART, un outil d’aide à la décision (OAD), pour aider les producteurs de pommes de terre à contrôler le mildiou en fonction de la pression parasitaire au niveau de chaque parcelle et selon une stratégie adaptée à leur mode de production, en agriculture biologique ou en protection intégrée des cultures.
La mise en place de ce système nécessite l’acquisition de nouvelles données d’ordre épidémiologiques, culturales et météorologiques à implémenter en temps réel. Le programme de recherche repose donc sur les cinq objectifs spécifiques suivants :
- quantifier l’inoculum aérien et cartographier les populations de Phytophthora infestans (Pi) en présence dans l’environnement
- étudier les caractéristiques épidémiologiques des souches types majoritairement présentes en Wallonie et particulièrement leur comportement selon la température et la variété en présence
- développer des stratégies de contrôle pour limiter le recours aux pesticides chimiques de synthèse et tester la résilience de nouveaux systèmes en agriculture biologique
- améliorer la précision des données météorologiques pour un avertissement à la parcelle selon 3 axes: (1) la connexion de stations d’agriculteurs à l’outil VigiMAP, (2) la mise en place d’un test automatique de vraisemblance des données et (3) l’analyse de la pertinence des stations météos d’agriculteurs dans la spatialisation des données sur la plateforme Agromet.
- intégrer les améliorations à VigiMAP, l’outil d’aide à la décision développé par le CARAH, qui permet aux producteurs de terre wallons de positionner les traitements fongicides pour contrôler le mildiou.
Résultats attendus
Le projet de recherche vise à développer trois modules complémentaires pour perfectionner Vigimap
- Module « Spores ». Ce premier module permettra de cibler les périodes de pression parasitaire en saison. Il est basé sur l’étude des profils spatio-temporels de l’inoculum aérien de P. infestans et de la viabilité des spores.
- Module « Incubation ». Ce deuxième module a pour objectif d’adapter la prédiction du développement du mildiou en tenant compte des interactions souches/pathogènes via l’étude des périodes d’incubation, de latence et de sporulation de souches types sur un spectre de variétés.
- Module « Météo ». Ce troisième module a pour objectif d’améliorer la précision des données météorologiques en vue d’un avertissement à la parcelle, d’une part, en permettant à un agriculteur de réaliser les simulations mildiou avec les données de sa propre station et, d’autre part, en intégrant les données météo des agriculteurs à la spatialisation au km² réalisée sur la plateforme Agromet.
Ces trois modules permettront de préciser les périodes à risques sur la base desquelles les stratégies de contrôle en agriculture intégrée ou biologique doivent être mises en œuvre. Des itinéraires phytotechniques adaptés seront testés et pourront servir de nouvelles bases de référence en matière de gestion du mildiou.
Une application destinée à l’encodage, la centralisation et la mise en ligne des données d’observation en champs et des résultats d’analyse en laboratoire générés dans le cadre du projet est en cours de développement et sera rendue accessible à tous les experts de la profession susceptibles d’alimenter de façon pertinente les bases de données.
Premiers résultats obtenus
Les travaux de recherches effectués en phase 1 nous ont permis de réaliser plusieurs avancées et notamment :
- le développement d’une méthode biomoléculaire par qPCR permettant de détecter et de quantifier la présence d’inoculum de P. infestans dans l’air avant l’infection des plantes et l’apparition des symptômes
- le test de trois types de capteurs et la mise en évidence de l’intérêt des capteurs Burkards et des capteurs passifs
- la production de données (1) de profils d’inoculum aérien de développement du mildiou et (2) des conditions météorologiques, de 12 champs d’essais sur 3 années, permettant de faire des relations entre les paramètres et de développer des modèles épidémiologiques
- l’analyse des facteurs pris en compte dans les modèles de développement épidémiologiques du mildiou et l’évaluation de la pertinence de ces facteurs pour l’élaboration de nouveaux modèles
- la caractérisation et le suivi de l’évolution des souches de P. infestans présentes en Région wallonne
- le développement des protocoles de caractérisation des interactions souches de infestans-variétés de pomme de terre
- le test de protocoles de traitements pour le contrôle du mildiou en agriculture intégrée et en agriculture biologique
- l’analyse fonctionnelle des outils informatiques pour l'encodage, la centralisation et la mise en ligne des données de terrain d'observation du mildiou et des données des analyses des captures de spores en laboratoire.
Partenaires
- UCL : Anne Legrève, Gil Colau, Vivien Le Vourch
- FIWAP : Pierre Lebrun
Financement
- SPW Agriculture, Ressources naturelles et Environnement- Recherche