Contexte
Le secteur de l’élevage, en particularité celui de l’élevage bovin, éprouve de grandes difficultés à sortir de la tourmente. Il est marqué par des crises sanitaires, économiques, environnementales, et plus profondément encore par une crise d’identité. Or cet élevage, qui représente 60 % de la valeur des productions agricoles en Belgique, est l’activité prédominante en province de Luxembourg : il y concerne plus de 90 % des exploitations et plus de 95 % du territoire.Quels sont dès lors les avenirs possibles pour ce secteur à court (réforme de la PAC attendue pour 2013-2014) et à plus long termes (2025) dans un contexte (1) de mondialisation des échanges, de concurrence directe avec des systèmes d’élevage travaillant avec des coûts de production (structure, alimentation,…) moindres, (2) d’augmentation des coûts de production face à une raréfaction des sources d’énergie non renouvelables?Objectifs
Dans un tel contexte, les objectifs définis pour ce projet, au statut exploratoire, sont :
(1) d’identifier les facteurs qui a court (5 ans) et moyen termes (15 ans) sont susceptibles de conditionner le devenir de l'agriculture;
(2) d’identifier les formes et les conditions de viabilité (économique mais aussi acceptation par les intéressés) susceptibles de favoriser l'adaptation de l'agriculture à ces facteurs de changement;
(3) de définir précisément les enjeux économiques et sociaux (qu’y a-t-il à perdre et à gagner) de chacun des avenirs identifiés;
(4) d’amener, d’une manière participative, les acteurs concernés (à identifier : agriculteurs, pouvoirs locaux, etc.) à adopter un état d’esprit positif face aux changements proposés, à intégrer ces changements;
(5) de définir, en conséquence, les voies d’adaptation des services à rendre au secteur (formation, encadrement, etc.);
(6) d’adapter la politique agricole provinciale (mission des services, affectation des ressources) afin de faire face à ces défis.
Résultats attendus
1. Une description fine de l’évolution du secteur et de la politique agricole, dans ses diverses dimensions et l’identification des tendances lourdes de cette évolution;
2. Une identification de scénarios d’évolution possibles à court (5 ans) et à plus long termes (15 ans) si les tendances identifiées se maintiennent;
3. Une modélisation, sur un système au moins, de l’impact des scénarios les plus pertinents identifiés;
4. Une identification des enjeux, à différents niveaux (le secteur lui-même, le territoire, l’économie provinciale), posés par les scénarios identifiés, vis-à-vis des différents acteurs concernés;
5. La mise en place d’un travail participatif sur une opportunité particulière (dépasser la phase de conception) ;
6. Un paramétrage d’une suite au projet (approfondissements de certaines propositions, élargissement de la démarche) …
Résultats obtenus
1) Les enjeux
Une première étape a consisté, après avoir dressé un bilan partagé de l’agriculture en Province du Luxembourg, à définir les enjeux majeurs auxquels devrait faire face notre agriculture (fig. 1). Parmi ces enjeux, le rôle joué par les évolutions possibles de la PAC est apparu comment prépondérant. Nous avons dès lors réuni un groupe de travail afin d’identifier les tendances lourdes que risquaient de prendre ces évolutions. Dès maintenant, on distingue quatre tendances lourdes qui ne devraient pas être remises en question, même si tout n’est pas joué :
- suppression des outils de régulation du marché (prix d’intervention, droits à produire) ;
- aide unique à l’ha uniformisée, à une échelle géographique à déterminer ;
- renforcement du 2ème pilier de la PAC (développement rural) ;
- poids accru des considérations environnementales.Il est également ressorti de ce groupe de travail que nos éleveurs ne joueront probablement pas un rôle au niveau du commerce mondial; leur marché est d’échelle locale. Il faut donc jouer l’atout que représente notre proximité avec les grands centres urbains de consommation. Leur survie économique dépend certainement d’une diminution des coûts de production (meilleure valorisation de l’herbe et des fourrages grossiers, réduction des coûts de structure, …), de leur capacité à argumenter le bien-fondé environnemental de l’élevage local (limitation des consommations énergétiques et des émissions de GES lors des transports, les prairies stockent le carbone et permettent le maintien d’un paysage de qualité et d’une biodiversité, …). De là l’intérêt de lier bilan énergétique, souveraineté alimentaire et impact social.Un autre problème mis en avant concerne la reprise de structures de plus en plus grosses avec des capitaux à la selon.
2) Les scénarios
Sur base des enjeux identifiés et des réflexions menées dans le point précédent différents scénario orientés soit vers plus ‘d’environnement’ soit vers plus de ‘production’ sont à l’étude. Ils visent, respectivement, soit :
- A accentuer les tendances actuelles;
- A intensifier l’industrialisation du secteur;
- A promouvoir une plus grande correspondance entre production agricole et consommation à l’échelle nationale.
3) Caractérisation des systèmes majeurs et modélisation
Dix-neuf types majeurs d’exploitations ont été identifiés au sein de la province de Luxembourg avec une prépondérance des types spécialisés en production de viande bovine qui se différencient entre eux (1) de par leur niveau d’intensification, reflété par la charge animale à l’hectare et (2) de par la production d’une part significative de maïs dans la SFP.
Le type ‘Bovin Viande Très Intensif à l’Herbe’ (VTIH), qui représente plus de 25 % des exploitations (le second type qui est, à l’opposé, le type ‘Bovin Viande Très Extensif’ reprenant moins de 10 % des exploitations), a d’ores et déjà été modélisé. Le callage du modèle étant en cours.
Il faut noter que la distribution de ces types au sein de la province est loin d’être homogène. Ainsi le type majeur VTIH reprend 6%, 36%, 13 %, 32 % et 11 % des exploitations, respectivement, des arrondissements d’Arlon, Bastogne, Marche en Famenne, Neufchâteau et Virton.
Contribution
- participer au travail d’identification-analyse des enjeux;
- réaliser un exercice de modélisation sur un système particulier(viande-herbe), voire plus en fonction du budget disponible.
Partenaires
- Division Economie de la Province (Th. Joie)
- DER-SPIGVA (P. Peeters)
- CER- CRA-W (D. Stilmant et A. Bernes)
- U.Lg. (M. Mormont et P. Stassart)
Coordinateur hors CRA-W
Dr. Ir. Didier StilmantCRA-W
Section Systèmes agricolesRue de Serpont, 100
B-6800 Libramont-Chevigny
BELGIUM
Tél. : +32 (0)61 23 10 10
Fax : +32 (0)61 23 10 28
Email : stilmant@cra.wallonie.be
Financement
- Province du Luxembourg