Bioingénieur (UCL), 26 ans, depuis 2 ans au CRA-W en tant que chercheur junior dans le pôle Productions intégrées (Département Durabilité, systèmes et prospectives, Unité de recherche Sols, eaux et productions intégrées).
Simon a eu son premier contact avec le CRA-W dans le cadre de son mémoire de fin d’études, intitulé « Evaluation du potentiel redox (Eh) du sol en tant qu’indicateur de l’état de santé du système Sol-Plante sous différentes conduites culturales ». Un des co-promoteurs était Brieuc Hardy, qui est maintenant son collègue.
Il s’agissait de sa première expérience avec la recherche appliquée. Il se réjouit de penser que ses premières campagnes de mesures et d’échantillonnages ont été réalisées sur une parcelle qu’il gère actuellement.
Quel est la journée type d’un responsable d’essais de longue durée ?
« Il est difficile de décrire une journée type car notre fonction consiste à maîtriser le déroulement des essais de A à Z, de la gestion de l’itinéraire technique des cultures jusqu’à l’analyse des données et le rapportage des résultats. Il s’agit donc d’un métier qui combine travail de terrain et de bureau.
Dès qu’une fenêtre météo favorable s’ouvre, en fonction des plannings de l’équipe, nous enfilons nos bottes et partons sur le terrain.
J’accompagne au maximum les équipes pour les prélèvements et observations sur le terrain car il y a souvent une différence entre ce que nous prévoyons lors de la rédaction d’un protocole et ce que nous observons sur le terrain. Je n’ai que 2 ans d’expérience et il est important d’écouter les équipes, d’échanger sur le déroulement des opérations culturales, les protocoles ainsi que sur les observations réalisées en cours de saison. »
Simon explique que son travail est polyvalent. En effet, il doit gérer le planning des équipes, rédiger les protocoles d'essais, planifier les itinéraires techniques, suivre les cultures depuis leur mise en place jusqu'à la récolte, prélever et traiter des échantillons, les envoyer aux laboratoires (qu'ils soient internes, du réseau RequaSud ou européens pour certains projets), analyser les données recueillies et communiquer les résultats.
Les essais prennent en compte un total de 14 grandes cultures, en agriculture conventionnelle et biologique, implantés sur 5 sites : 2 essais systèmes (SYCBIO et SYCI) et 3 essais longues durées (LTE-MO, LTE-PK et LTE-Tillage).
Qu’est-ce qui vous rend le plus fier dans ce que vous avez accompli au CRA-W ?
« Après seulement quatre mois d'expérience au CRA-W, j'ai eu l'occasion de visiter une station de recherche d'Arvalis, où j'ai rencontré la responsable du projet de l’Observatoire de la fertilité des sols en grandes cultures. Cette rencontre a débouché sur une collaboration permettant à l'une de nos plateformes d'essais de rejoindre ce réseau de parcelles suivies dans la région Hauts de France.
Je suis également impliqué dans deux autres projets européens EJP SOIL (ARTEMIS et AGROECOSEQC) dont l’objectif est d’étudier l'impact des pratiques agricoles sur la qualité des sols et d’identifier les pratiques plus vertueuses démontrant un potentiel d’adaptation face aux changements climatiques. Cela me donne aussi l'opportunité de voyager et d'échanger avec des collègues à travers l'Europe (Pays-Baltes, Berlin, Rome, etc.).
Qu'est-ce qui suscite chez vous autant de passion et de fierté pour ce travail ?
« L’agronomie est un domaine porteur de sens, qui doit faire face aux nombreux enjeux du secteur agricole : réduction des intrants de synthèse, maintien de la fertilité des sols et de la biodiversité, diminution des gaz à effet de serre, etc ».
De plus, en rassemblant les informations sur les essais, je me suis plongé dans les documents/travaux de mes prédécesseur·euses. J’ai ainsi découvert des carnets de champ datant des années 60, des colonnes de données manuscrites, de nombreux rapports dactylographiés et une pédothèque rassemblant des échantillons de sol depuis les années 70. Toutes ces précieuses informations, fruits du travail de passionné·es, représentent une immense source de connaissances qu’il me tient à cœur de transmettre et de pérenniser.
L’archiviste du Petermann
On l’appelle également l’archiviste car la gestion d’essais longue durée nécessite de se plonger dans les notes prises sur le terrain depuis 65 ans pour l’essai le plus ancien.
Mon objectif est de créer une ligne du temps retraçant l’évolution des protocoles expérimentaux ainsi que les équipes ayant travaillé sur ces essais. Mais avant tout, il est indispensable de numériser l’ensemble des données et de mettre en place un plan de gestion dont l’objectif est de constituer des bases de données harmonisées pour les différentes expérimentations afin de faciliter leur collecte, stockage, traitement et analyse. »
Quelles sont les compétences requises pour exercer un tel métier ?
« Pour moi, l'essentiel est de cultiver un véritable esprit d'équipe. Les échanges d'expériences, de conseils et les connaissances de chacun contribuent à accroître notre efficacité. En tant que jeune chercheur, j'ai beaucoup appris sur le terrain. Les études en bioingénierie nous fournissent les outils nécessaires pour acquérir les compétences requises dans notre métier, dans lequel nous continuons d’apprendre au quotidien."