L'invasion de ravageurs non indigènes constitue une menace majeure pour la santé des plantes dans le monde entier, entraînant d’importantes pertes écologiques et économiques. La détection précoce de ces organismes nuisibles est essentielle pour mettre en œuvre des mesures d'éradication appropriées, prévenir leur propagation et limiter leur impact. Pour démontrer la présence ou l'absence d'organismes de quarantaine pour l'UE sur le territoire belge dans les forêts, les parcs et les espaces verts publics, l'Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (AFSCA) mène des campagnes de détection annuelles. Ces campagnes reposent sur des inspections visuelles, complétées ou non par un échantillonnage ciblé en cas de présence suspectée, un échantillonnage asymptomatique ou l'utilisation de pièges avec des attractifs. Le nombre d'inspections, d'échantillons ou de pièges pour ces enquêtes est déterminé de manière pragmatique, en tenant compte du risque d'introduction, de la présence de plantes hôtes et de secteurs d'activité à risque, des chiffres obtenus dans d'autres États membres, ainsi que de la capacité et des priorités des services d'inspection.
Les articles 22 à 24 du règlement phytosanitaire (UE) 2016/2031 précisent que la réalisation de ces campagnes doit être fondée sur l'analyse des risques et sur des principes scientifiques et techniques solides. En outre, pour les organismes nuisibles prioritaires, la probabilité de détection de ces organismes via les campagnes menées doit avec une fiabilité suffisamment élevée. Cela s'applique également aux organismes de quarantaine de l'UE énumérés à l'annexe II, partie B, du règlement d'exécution (UE) 2019/2072, pour lesquels des mesures de lutte et/ou de confinement ont été établies. Ces campagnes doivent être étayées par des fiches technique de surveillance sur les organismes nuisibles, des lignes directrices pour des campagnes de détection statistiquement fiables et fondées sur le risque (par exemple en utilisant l'outil d'analyse statistique RIBESS+ fourni par l'EFSA pour l'effort d'échantillonnage).
Les espaces verts publics en général, et les arboretums et jardins botaniques en particulier, présentent un grand intérêt pour la détection précoce de ravageurs non indigènes. Ils abritent en effet une grande diversité d'espèces végétales indigènes et exotiques dans un espace restreint, souvent situé dans les villes ou à proximité d'axes routiers importants pour en faciliter l'accès. En outre, l'importation régulière de matériel végétal non indigène pour alimenter leurs collections augmente le risque d'introduire accidentellement des organismes nuisibles véhiculés avec les plantes. Comme le personnel de ces institutions travaille régulièrement avec des collections de plantes et accorde une attention particulière à leur état de santé, il s'agit d'une occasion unique de développer un réseau d'alerte précoce en le sensibilisant aux organismes de quarantaine et en utilisant des outils de signalement appropriés.
L'objectif principal de ce projet est de développer des campagnes de détection statistiquement fiables et basées sur le risque pour 12 insectes nuisibles/pathogènes de quarantaine pour l'UE (listés ci-dessous) dans le contexte belge. Pour chaque organisme, nous rassemblerons des informations sur les méthodes de détection les plus appropriées à partir de la littérature scientifique (y compris les ressources de l'OEPP et de l'EFSA). Ensuite, nous construirons des cartes de risque pour l'introduction et la dissémination/l’établissement de l'organisme nuisible sur la base des voies d'introduction, de l'adéquation climatique et de la distribution des plantes-hôtes en Belgique. Enfin, nous définirons un plan d'échantillonnage statistiquement valable pour la surveillance de chaque organisme nuisible (par exemple en utilisant l'outil RIBESS+ de l'EFSA). En particulier, nous étudierons s'il est possible de concevoir les campagnes de détection pour affirmer l'absence de ravageurs en Belgique avec des niveaux de confiance raisonnables et un effort d'échantillonnage réaliste. Au final, nous devrions être en mesure de définir, pour chaque organisme cible, comment (quelles méthodes et dans combien de lieux) et où (les lieux les plus à risque) effectuer les enquêtes de détection pour répondre aux normes du règlement phytosanitaire de l'UE.
Un autre objectif de ce projet est de développer un réseau de surveillance scientifiquement solide pour les organismes de quarantaine dans les jardins botaniques et les arboretums belges. Pour ce faire, nous contacterons les institutions concernées, organiserons des campagnes de sensibilisation (par le biais de fiches d'information et de formations) et proposerons un suivi spécifique de l'un des organismes nuisibles ciblés (le scarabée japonais, Popillia japonica). Nous adapterons également des outils faciles d’utilisation (type application smartphone) pour l'identification et le signalement rapide des organismes de quarantaine potentiels dans les jardins botaniques et les arboretums. Pour faciliter la gestion du réseau, la collecte des données de surveillance et les interactions avec les membres du réseau, nous établirons un contact privilégié et passerons un contrat avec un jardin botanique pour diriger le réseau.
Les principaux objectifs de recherche concernent les ravageurs de quarantaine suivant :
- Agrilus anxius; - Agrilus planipennis;
- Anoplophora chinensis; - Anoplophora glabripennis;
- Aromia bungii; - Conotrachelus nenuphar;
- Dendrolimus sibiricus; - Monochamus spp.;
- Pityophthorus juglandis; - Popillia japonica;
Et ces deux organismes de quarantaine transmis par des insectes :
- Bursaphelenchus xylophilus (nematode transmis par Monochamus spp.);
- Geosmithia morbida (champignon transmis par P. juglandis).
Ce projet, financé par le Service Public Fédéral (SPF) Santé Publique (RT 24/4), est mené par un consortium belge incluant l’ILVO (Flanders Research Institute for Agriculture, Fisheries and Food), Viaverda et le CRA-W.