C’est pour répondre à cette question qu’un essai variétal d’une durée de trois ans a été mis en place au CRA-W, en collaboration avec la Fiwap et Biowallonie.
Malgré la mise en place de systèmes d’avertissements performants pour le contrôle du mildiou (Phytophthora infestans), la gestion de ce dernier reste un problème majeur en culture, tant biologique que conventionnelle, de pommes de terre. Le cahier des charges de l’agriculture biologique n’autorise que l’utilisation de produits cuivrés pour lutter contre cette maladie. Le secteur de la pomme de terre biologique souhaite néanmoins s’affranchir de son utilisation. À l’instar de leurs homologues néerlandais en 2017 et flamands en juillet 2018, les acteurs wallons de la filière ont signé en novembre 2018 une convention visant à n’utiliser, d’ici 2021, que des variétés robustes.
Le CRA-W est signataire de la convention en tant que partenaire de recherche et de vulgarisation. Grâce à la collaboration étroite entre quatre unités de recherche du CRA-W, un essai triennal a été mis en place et intégré au programme BIO2020 (grâce aux fonds propres du CRA-W et le soutien du centre-pilote pommes de terre). Depuis 2019, l’essai comporte plus de 20 variétés sélectionnées sur base de leur résistance au mildiou, d’après les résultats des essais MilVar réalisés par le CRA-W et le CARAH.
La résistance au mildiou est le critère principal pour la définition d’une variété robuste mais il n’est pas le seul. En effet, dans le contexte actuel d’évolution climatique, le concept de robustesse est plus global. Il concerne d’autres maladies et ravageurs, la capacité de la culture à être moins ou peu sensible au stress hydrique et aux températures élevées, ou encore d’être plus efficiente pour la valorisation d’éléments nutritifs tel que l’azote. Et cela, si possible, en y associant la précocité de la culture pour atteindre rapidement des tubercules suffisants en poids et en qualité avant le développement du mildiou. Ce dernier aspect est particulièrement important en culture biologique. Le concept de variétés robustes vise donc à garantir aux producteurs bio un rendement correct avec une qualité acceptable.
Les publications (Fiwap-Info, Itinéraires bio,…) et la mise en ligne annuelle d’un rapport d’essais permettent la communication des caractéristiques de chaque variété testée. Les critères de robustesse y sont mis en avant, mais également la qualité (gustative et culinaire) et les rendements qui sont des informations indispensables pour les agriculteurs, les négociants, les préparateurs et les industriels de la transformation dans le cadre de leurs choix variétaux.