Du
01 Janvier 2002
au
30 Septembre 2007

VETAB

VETAB - Valoriser l’expérience transfrontalière en agriculture biologique : diffusion, expérimentation et développement concertés

Contexte

Les trois régions concernées (Nord-Pas de Calais, Flandre, Hainaut) par ce projet constituent un même bassin de production pour les grandes cultures et partagent les mêmes problèmes en terme de développement de l’agriculture biologique. Ce projet commun doit contribuer à renforcer l’appui à ce secteur par l’activation de synergies entre les partenaires concernés et le déploiement d’activités communes.

L’agriculture biologique a connu une évolution rapide depuis le début des années ’90. Cette évolution a été favorisée non seulement par la mise en place d’une réglementation officielle qui définit les règles minimales de production et protège le consommateur des abus, mais également par l’instauration d’incitants financiers. Les politiques régionales respectives se donnent comme objectif de parvenir à une proportion de 5 à 10 % des exploitations agricoles notifiées en agriculture biologique à l’horizon 2010. Cependant, de nombreux problèmes liés aux itinéraires techniques persistent et constituent un frein à l’accroissement de la production et à la reconversion; ainsi, la part de l’agriculture biologique ne représente actuellement que 3,8 % du nombre d’exploitations agricoles total et 3,2 % en superficie de la SAU.

En particulier, le mildiou constitue la principale contrainte à la production de pommes de terre en agriculture biologique. Seuls les fongicides à base de cuivre sont autorisés, mais on a démontré qu’ils peuvent avoir des effets toxiques graves sur la vie du sol. En conséquence, la réglementation européenne (règlement 2091/92) imposera la limitation des doses appliquées à 6 kg de cuivre métal par ha et par an à partir de janvier 2006. A plus long terme, le cuivre serait même totalement proscrit.

Objectifs

Les objectifs du projet sont les suivants :

- renforcement des échanges entre agriculteurs : rédaction d’un guide de synthèse sur les pratiques, organisation de visites et échanges transfrontaliers entre agriculteurs ;

- amélioration de la durabilité des systèmes de production : au départ d’un diagnostic basé sur le suivi de fermes sur plusieurs années ;

- pour apporter des réponses aux difficultés communes identifiées, le projet doit mettre en place un programme d’expérimentations sur les principales cultures. Expérimentation et structuration des filières seront une des bases de l’organisation des visites et échanges transfrontaliers entre agriculteurs.

En particulier, en ce qui concerne la lutte contre le mildiou de la pomme de terre, il s’agit de proposer des schémas de protection tenant compte des exigences relatives à la limitation des doses de cuivre. Les stratégies étudiées sont basées sur la résistance variétale, le raisonnement des traitements en fonction des risques, la réduction des doses de fongicides cupriques et leur substitution totale ou partielle par des produits de traitement alternatifs.

Description des tâches

Les tâches spécifiques qui ont été assignées au CRA-W sont :

- la recherche et la caractérisation des produits de protection susceptibles de remplacer ou de compléter le cuivre ;

- la recherche et la caractérisation des variétés commerciales présentant une résistance suffisante du feuillage et des tubercules au mildiou ;

- la validation de stratégies intégrées de protection basées sur l’emploi de produits alternatifs en association ou non avec des doses réduites de fongicides cupriques, sur des résistances variétales et sur le positionnement des traitements selon les systèmes d’avertissements.

Résultats attendus

En matière d’alternatives aux fongicides cupriques, 310 produits doivent encore être testés.

En matière d'évaluation des sensibilités variétales, les 20 variétés les moins sensibles au mildiou du feuillage, lors des essais de 2006, seront à nouveau testées en 2007 afin de confirmer leur niveau de sensibilité.

Résultats obtenus

Nous avons réalisé, au laboratoire, un screening d’additifs et de produits qui permettraient de remplacer, au moins partiellement, le cuivre dans la lutte contre le mildiou. Nous avons évalué une large gamme de produits comme, par exemple, des formulations à doses très faibles de cuivre, des suspensions d’antagonistes, des extraits d’acides aminés, des extraits de plantes, des sels de potassium, des formulations à base de soufre, des formules d’eau oxygénée stabilisées avec des molécules organiques et des rhamnolipides.

Les suspensions de produits ont été appliquées par vaporisation sur des plantes de pommes de terre entières. Deux protocoles d’application différents ont été mis sur pied. Pour tester la protection fongicide, le produit est appliqué 4 jours avant l’inoculation du pathogène. Par contre, pour évaluer l’efficacité de produits stimulants de défenses naturelles, le produit est appliqué 4 fois au cours de la croissance de la plante. La dernière application étant réalisée 4 jours avant l’inoculation de l’agent pathogène. Nous avons aussi évalué la résistance des produits au lessivage.

Par la suite, les suspensions de pathogènes sont appliquées, en gouttelettes de 5x104 sporanges/ml, sur feuilles détachées. Les feuilles sont alors incubées (18°C , RH > 90%, 6 jours) en vue de mesurer l’apparition des symptômes.

Les meilleurs résultats ont été obtenus avec des formulations présentant des doses réduites de cuivre et avec les sels de potassium (phosphites). Les Rhamnolipides et deux additifs (H2O2 et une suspension d’acides-aminés) présentent aussi des résultats intéressants qu’il faudrait confirmer au champ.

En conclusion de ces screenings menés en laboratoire, nous concluons que, parmi le large éventail de produits et d’additifs proposés sur le marché, peu sont réellement efficaces. 

Par la suite, au cours des essais menés au champ, tous les additifs prometteurs qui avaient été identifiés au laboratoire n’ont pas permis une protection efficace des plantes. Cependant, un phosphite de potassium a donné des résultats équivalants voir meilleurs que ceux obtenus avec la bouillie bordelaise appliquée au quart de dose. Les rhamnolipides ont, quant à eux, permis une protection des parcelles équivalente aux niveaux de protection atteints avec la bouillie bordelaise.

Les schémas de protection basés sur l’application de fongicides cupriques à la dose de 800 gr, par ha et par pulvérisation, n’empêchent pas la destruction totale du feuillage par le mildiou dans les conditions de forte pression de la maladie (inoculation artificielle de rangs infecteurs non traités). Ils permettent cependant de reculer la destruction foliaire d’environ 15 jours par rapport aux traitements non efficaces et d’obtenir un rendement acceptable. De plus, la protection obtenue par un programme de traitements appliqués selon les avertissements a été statistiquement meilleure que celle obtenue en suivant un schéma de traitements systématiques hebdomadaires. 

Finalement, la sensibilité des variétés a été évaluée au travers d’essais au champ. Chaque année, nous testons en moyenne 30 variétés et nous introduisons annuellement 15 nouvelles variétés collectées sur le marché. Les essais sont menés plusieurs années et sur des sites différents (en Frandre, en Wallonie et en France). Nous avons obtenu des résultats intéressants avec les variétés : Sarpo Mira, Gasore, Eden, Agnes, Junior, Spirit et Remarka. Nous avons aussi évalué les caractéristiques technologiques de ces variétés afin de mettre en évidence leur potentiel en terme de commercialisation.

Partenaires

SRPV Nord-Pas de Calais (F)

FREDON à Loos-En-Gohelle (F)

CARAH à Ath (B)

PCBT à Beitem (B)

Coordinateur hors CRA-W

Sébastien Labrune

Groupement des Agriculteurs Biologiques du Nord (GABNOR) - Pas de Calais

Z.I. Le Paradis

F-59133 Phalempin

France

E-Mail : gabnor@wanadoo.fr

Financement

  • CE - Politique régionale - FEDER
  • SPW - DGARNE