En ce qui concerne les prairies pâturées du CRA-W (Gembloux, Libramont), des mesures de hauteurs d’herbe et de production sont réalisées de façon hebdomadaire. Il s’agit de prairies permanentes exploitées soit par des vaches laitières, soit par des vaches allaitantes dans des systèmes de pâturage tournant.
Si on se base sur le site de Gembloux, en 2022, la pousse de printemps a été correcte, tant au pâturage que pour la constitution des stocks hivernaux. À partir du 15 juillet, un ralentissement de la pousse de l’herbe a été constaté (hauteur moyenne en entrée de parcelle de 8 cm). À partir du 20 juillet, la hauteur moyenne sur les parcelles était de 6.6 cm soit quasi plus de disponibilités en herbe. Depuis ce moment les vaches laitières recevaient des fourrages conservés (ensilage de maïs, pulpe de betterave et ensilage d’herbe).
Sur le site de Libramont, le suivi de la pousse de l’herbe nous indique un arrêt de la croissance de celle-ci à partir de fin juillet également.
En conséquence, dès juillet, les bovins ont dû recevoir un complément d’aliment aux apports des prairies pour permettre de couvrir leurs besoins. Les éleveurs ont entamé les stocks hivernaux.
Quelles sont les comparaisons entre la sécheresse de 2022 et celles que l’on a connues en 2018 et 2020?
Selon les mesures réalisées sur le site de Libramont, l’impact de la sécheresse s’est traduit par un arrêt de la croissance de l’herbe à partir de la fin juillet et jusqu’à la mi-août en 2018. En 2020, l’arrêt de la pousse de l’herbe est survenu après le 15 août et s’est poursuivi jusqu’à mi-septembre avec des périodes de températures très élevées. En 2022, l’arrêt de la pousse de l’herbe a été enregistré la semaine du 21 juillet et est encore en cours pour l’instant, avec des périodes marquées de fortes températures. Les données de 2022 ne sont pas encore complètement disponibles mais il y a fort à craindre que les impacts sur les prairies seront plus forts qu’en 2020.
A titre indicatif, sur base des mesures réalisées à Libramont de mi-avril à octobre, les rendements moyens des parcelles suivies étaient de 6.7 T MS/ha en 2018 et de 4.2 T MS en 2020 (valeur moyenne des prairies autour de 7 T MS/ha les années précédentes).
Comment amoindrir les effets d’une sécheresse comparable à l’avenir ?
- Diversifier la flore des prairies : les légumineuses et plus spécialement la luzerne, les dactyles, fétuques élevées et la chicorée résistent mieux aux épisodes de sécheresse. Certaines parcelles de l’exploitation pourraient être resemées avec ce type de plantes.
- Diversifier les types de fourrages : les nouvelles plantes fourragères comme la sylphie, le teff grass, sorghos multi-coupes et/ou sucriers …pourraient être utiles. Le peu de connaissances disponibles actuellement est un point faible à lever.
- Utiliser le potentiel fourrager des haies, des arbres (saules têtards). L’avantage est double, ils fournissent de l’ombre pour les animaux et leur apport nutritionnel n’est pas à négliger comme le montrent plusieurs études réalisées en France principalement.
- Adapter la gestion des exploitations pour constituer des stocks disponibles pour ces épisodes de sécheresse plus fréquents.
Le projet SUNSHINE « L’observatoire wallon de la pousse de l'herbe » a pour objectif de mettre en place un observatoire de la pousse de l’herbe en Wallonie basé sur une approche combinant données de terrains, satellites et modèles de croissance. Ce projet qui a débuté en avril 2022 apportera des informations précieuses pour une meilleure gestion des ressources fourragères.
Retours dans la presse
03/08/2022 - L'Echo - La sécheresse frappe la Wallonie. Quelles conséquences?